Un film étrange, assez froid, dans lequel les émotions sont comme étouffées, aplanies. Un cri, un seul : celui de la jeune femme qui bronzait tranquillement quand la tigresse s'invite au bord de sa piscine. Et il est presque comique. Silence de la forêt, rues désertes, tandis que la puissance rugissante et dévastatrice du fauve peut surgir de partout et à n'importe quel moment.
Le film ne va pas décoller côté spectateur parce que lorsqu'il s'achève, on a le sentiment qu'on n'est pas allé bien loin, que rien n'a été creusé, et surtout, que le personnage principal n'est pas parvenu à nous communiquer une once d'émotion. Pour autant j'ai été touché par celui-ci et son apathie (existentielle et non contextuelle, et qui donne là tout son intérêt à ce personnage), qui sait pertinemment où est sa place et quel est son chemin. Un personnage chiant et fort à la fois :)
M'évoque le roman que je viens de terminer, Et vous passerez comme des vents fous, autour de l'ours, qui, comme le tigre ici, est à la fois désiré, redouté, traqué, sali, honoré, fantasmé. C'est-à-dire qu'on ne sait pas trop quoi faire, avec le sauvage.
Une forme de sagesse fataliste se dégage tant du personnage principal que du film dans sa globalité, lui donnant sa discrète et aride poésie.