Le djihad pour les touristes
Quelques hésitations avant d’aller voir Timbuktu qui ne promettait que de nous ressasser encore et encore ce dont le JT nous bassine déjà à longueur d’attentats, de prêches, de décapitations et d’exactions.
Mais ça se passe loin d’Irak ou d’Iran, au Mali et le Mali on aime bien, c’est notre côté voyageur en Afrique(1).
Et puis le jury cannois avait boudé le film et ça on aime bien aussi, c’est notre côté rebelle.
Alors on est allé voir le film du mauritanien Abderrahmane Sissako.
Et finalement notre première approche s’en est trouvée confirmée : de très très belles images du désert et des villages en banco. Les scènes de pêches, les tentes touaregs, la vie nocturne sur les terrasses des maisons, on retrouve nos albums photos sur grand écran.
C’est du côté d’Al Qaïda que le bât blesse le chameau : Sissako nous dépeint une bande de guignols qui se ridiculisent à longueur d’images, qui se préoccupent de la longueur des pantalons ou de l’interdiction des ballons de foot, qui rentrent dans les mosquées en armes et en chaussures, qui ne parlent même pas la langue du pays, … tout cela fait bien rire une partie de la salle mais nous ferait plutôt pleurer : serait-ce donc ce ramassis pitoyable qui fait trembler la planète ? serait-ce contre ces quelques petits seigneurs de guerre qu’il nous faut envoyer l’armée ?
Un 4x4 Toyota et une kalachnikov suffisent-ils à faire la différence ?
Bien sûr il ne faut pas diaboliser ces troupes de moudjahidins et encore moins leurs chefs, bien sûr les djihadistes sont des hommes comme les autres, mais ce n’est certainement pas en décrivant ainsi de pitoyables clowns que l’on avance dans notre compréhension de ces situations complexes.
Le film de Sissako rate complètement sa cible.
Finalement, les jurés cannois ont pour une fois été bien avisés de ne pas distinguer ce film, très beau sur le plan esthétique mais très maladroit sur le plan politique.