Timbuktu par Charles Dubois
Dés les premières minutes de ce film étonnamment encensé, on s'aperçoit d'un fait. Le film, que l'on pensait sorte de docu-fiction immersive nous montrant la condition des maliens aux mains des djihadistes, se révèle être du vrai cinéma. Il y aune histoire, une vraie, des personnages, de vraies scènes... Bref c'est du cinéma.
Cela se remarque notamment dans l'esthétisme des images qui sont formellement impeccables, jouant avec les couleurs africaines, avec par exemple un plan sublime des deux hommes des deux côtés de la rivière, l'un agonisant, l'autre s'effondrant de malheur.
Les acteurs sont bons. C'est indéniable.
Mais es grosses faiblesses du film se trouvent dans son traitement. En effet le sujet semble n'être qu'un prétexte pour appesantir sur une histoire familiale inintéressante. La présence des islamistes n'a aucune portée et semble n'être que secondaire. Cela se remarque dans la façon dont le sujet est traité ; dés les première images on se rend bien compte que tout est tourné à la dérision. L'arrivée burlesque des djihadistes en est la preuve ; sur une moto qui s'enlise dans le sable et peine à démarrer deux hommes cherchent leur équilibre tandis que l'un deux hurle dans un mégaphone des interdictions, premières lois de la charia. Un mot est pénible à prononcer : burlesque. pourquoi choisir de présenter ces dangers mondiaux, ces terroristes aux convictions profondes et dangereuses comme des être ignares, ridicules, prenant tout au pied de la lettre, n'ayant que comme pouvoir leur kalachnikov, soumis aux simples paroles d'un imam ? En quoi est - ce amusant de lier une scène de danse d'un djihadiste à celle d'une lapidation d'un couple ? Où bien de faire de la musique sur les cris d'une femme se recevant 80 coups de fouet ? Il y a t-il une ironie mal placée ? Ou simplement un désir de montrer une réalité dure d'une façon indirecte ? Dans tous les cas le résultat est raté : des scènes censées être terrible donnent le sourire, aucun plan n’amène de la compassion ou de la peur, la condition de ces hommes et de ces femmes n'a aucune portée et nous fait nous sentir tout sauf concerné, tant cette réalité dont on entend parler tous les jours est traitée avec beaucoup de recul et de désintérêt. Le tout est encore plus alourdit par des scènes inutiles et longues (recherche de réseau interminable sur une colline) et des histoires secondaires futiles (à quoi sert le personnage de la folle ? pourquoi voir les islamistes fumer ou parler foot ?)., servies par des longues et belles phrases bien pompeuses.
Sans aucun repère aux milieux de ce dédale de persos secondaires, on tente de s'attacher à certains éléments, en vain. Si bien qu'on s'endort vite face à un ennui si profond, seulement réveillés par quelques cris de chameaux.
Reste quelques belles images, et des scènes puissante (comme celle où des enfants jouent au foot sans ballon).
Ridicule, où comment rendre futile une réalité dont il est nécessaire de peser la gravité.