Dans la vie comme au cinéma, qu’y a-t-il de pire que la déception mise à part la trahison?
Attristé d’avoir raté ce film à sa sortie, auréolé de pas moins de six césars, je m’y suis précipité hier soir. Tout me poussait à savourer cette projection : le talent des cinéastes africains comme Sissako, un Mali dont je me suis passionné il y a une trentaine d’années, la rébellion Touareg, la guerre récente, les exactions des soudards de l’Aqmi, etc…
Que puis-je retenir de cet espoir déçu sinon ma colère envers un film sans intérêt ?
Sûrement pas la vulgarité des couchers de soleil, ni la mise en scène de comédiens approximatifs, sûrement pas ce montage foutraque et prétentieux qui comptait m’éblouir avec des plans fixes d’une minute et encore moins l'inventaire des délires islamistes dignes de France Info. Les clichés enrobés de métaphores à deux balles abondent: chasse à la gazelle paniquée, exécution de fétiches animistes, leçons du gentil imam prodiguée aux musulmans égarés. Je soupçonne même Sissako d’avoir voulu faire un coup en profitant de la rage unanime qui règne en Europe contre les barbares à barbes.
Les africains, les maliens, les touaregs et les spectateurs méritent plus de profondeur, de poésie, et de vérité que ce film formaté pour l’intelligentsia parisienne et la bourgeoisie ignorante pétrie de compassion pour les régions du Sahel.
Pour finir, je ne me suis jamais fait d’illusion sur la qualité de jugement du jury des césars, mais je trouve qu’ils ont ici poussé le bouchon un peu loin, très proche du ridicule.