Le dimanche soir, avec mes fils, on se fait une toile. Hier soir, un polar chinois, hong-kongais pour être précis. Nous découvrons Tyler, un jeune barman, beau gosse et souriant, qui défie Jo, une cliente au “Qui c’est qui en prendra le plus ?“. Jeux dangereux, petit détour par Trainspotting. Réveil douloureux : Jo est flic et lesbienne. Elle entend garder le bébé, sa compagne est furieuse. Tyler doit trouver de l’argent. Oncle Ji est un usurier raté. Incapable de se faire rembourser par ses créanciers, il les contraint à servir dans sa boite de sécurité. Tyler est désormais garde du corps. Seul agent à ne pas disposer d’une véritable arme, il s’entraine avec un flingue en plastique. Tyler sympathise, avec Jack, autre beau gosse et jeune marié dont la femme est enceinte… Nous sommes assis depuis une demi-heure, où Tsui Hark veut-il en venir ? Je peine à conserver ma troupe. Ma femme est partie se coucher, les garçons regimbent. Non, on ne regardera pas X-Men. Si, c’est un chef d’oeuvre, c’est l’avis de Doc Jivago. Soyez patients. Le rythme s’accélère enfin. Oncle Jo protège la fête d’un magnat local, or la femme de Jack se trouve être la fille du client, le monde est petit. Jack semble fuir l’Amérique du sud et des voyous armés, rêve-t-il ce passé violent ? Soudain, tout s’emballe. Pour une belle liasse de dollars, on s’entretue. J’ai cru comprendre que Jack est le véritable héros qui, tels les Zetas, appartenait à un commando d’élite passé à la maffia. Il les aurait quittés, sans l’aval de ses potes. Il tue leur boss et pique le blé. La chasse à l’homme est lancée.


Tsui Hark, cela décoiffe.
Tsui Hark est un chorégraphe.


Jack, Tyler et Miguel mitraillent et dansent.
Rivé à mon fauteuil, mes repères flanchent.


Ils dansent, volent, sautent et d’agilité rivalisent.
Les éléments de mon propre décor bondissent.


Couteaux, tables, chaises, poubelle, lampes, entrent dans la sarabande.
Et, entre leurs mains, se transforment en armes foudroyantes.


Voitures, fauteuils roulants, skate-boards s’envolent et tuent.
Gare à ma table basse, à mes livres et à la tortue.


Pis, envoûtée, à son tour, les caméras décollent.
Tout bouge, frappe, bondit et virevolte.


Jack et Miguel volent.
La table basse vole.
La caméra vole.
Tsui Hark vole.


Tous, sauf moi,
Et la tortue.


Les flics interviennent, pauvres gars, vite dépassés.
Maudit, Tyler ne peut se défaire de son flingue-jouet.


Jack veille, lutte et tue.
La danse macabre se conclut.
Le gun-fight s’atténue.
La table basse est revenue.


C’est fini.

Step de Boisse

Écrit par

Critique lue 635 fois

17
2

D'autres avis sur Time and Tide

Time and Tide
Fritz_the_Cat
9

Le Sacre du printemps

Un néon. Une bouteille vide. Une gouttière. Un hôpital, aussi. Un bar, une pluie battante, une machine à laver et l'ombre d'un mort, figée au mur comme un dernier souffle. Puis une boîte à musique...

le 13 juil. 2014

55 j'aime

28

Time and Tide
Jurassix
9

Au creux de la vague

« Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. La terre était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, et l'esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit: Que...

le 21 mai 2016

42 j'aime

5

Time and Tide
drélium
7

Visuellement irréprochable mais conformiste au possible

Tsui Hark revient remonté des States mais ne peut sortir du moule popeux consciencieusement créé dans le polar action HK en particulier et le cinéma blockbuster en général. Il ne peut que se jeter...

le 21 nov. 2011

30 j'aime

4

Du même critique

Gran Torino
SBoisse
10

Ma vie avec Clint

Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...

le 14 oct. 2016

127 j'aime

31

Mon voisin Totoro
SBoisse
10

Ame d’enfant et gros câlins

Je dois à Hayao Miyazaki mon passage à l’âge adulte. Il était temps, j’avais 35 ans. Ne vous méprenez pas, j’étais marié, père de famille et autonome financièrement. Seulement, ma vision du monde...

le 20 nov. 2017

123 j'aime

12