"Time Out" ou comment passer à côté d'un grand film.

Lorsque j'ai vu la bande annonce de "Time Out", j'ai tout de suite pensé que le film aurait eu un avenir prometteur et un succès critique assez flateur. Il faut dire que l'idée de départ est simple mais géniale: remplacer l'argent par du temps sans expliquer comment, où et quand ce "système" a pu naître. En effet, ce n'est pas là-dessus que le film veut se pencher. A juste titre puisque savoir comment nous pourrions vivre dans de telles conditions est plus important que de savoir comment nous en sommes parvenus là. Quoique, tout bien réfléchi, nous aurions pu avoir droit à une suite, ou plutôt un prequel qui aurait pu se centrer sur ce sujet. Malheureusement, pour faire une suite, il faut d'abord un film qui en a le mérite. Ce n'est pas le cas de "Time Out".

Pourtant, encore une fois, l'idée de départ est formidable pour la mise en place d'un film qui marquera les esprits. Mais, il ne suffit pas d'avoir une bonne idée de départ pour faire un bon film. Il faut rendre efficace tout le reste. Pour commencer, niveau décor, c'est presque une catastrophe. Ils se révèlent être vides et pas assez manifestes. Le décor aurait dû jouer un rôle plus important qui aurait permis de montrer la vie de rêve des riches et la vie excécrable des pauvres. Ils sont tous de cette même couleur grise fade qui nous assomme les yeux tellement on la voit partout. On a à peine le sentiment de passer d'un quartier à un autre. Ce qui est très frustrant. Pourtant, il y a pire.

Malgré la prestation correct de Justin Timberlake et le charme électrique d'Amanda Seyfried, la psychologie de leurs personnages (comme celles des autres dans tout le film) n'est pas suffisamment élargie. Afin que le spectateur accepte de les suivre dans leurs aventures, il aurait fallu les rendre plus attachants. Or, on a le sentiment de voir deux personnes qui, tel deux "Robins des bois" modernes, décident d'aider les autres dans le besoins mais sans mettre suffisamment en avant leur sentiment d'injustice envers ce "système" justifiant ainsi mieux leurs actes. Leurs intentions sont trop plates. Andrew Niccol aurait pu par exemple miser plus sur la mort soudaine de la mère de Will, le poussant ainsi définitivement dans cette voie de retablir la justice. Au lieu de cela, la scène de sa mort ne demeure pas très émouvante et ne semble pas dérouter le héros dès la scène suivante. A croire qu'il tenait pas tant à sa mère que ça! De plus, le réalisateur donne trop de confiance envers ses personnages. Henry Hamilton décide de donner tout son temps à Will alors qu'il se sont rencontrés pour la première fois il n'y a même pas 24 heures ???!!! Difficile d'y croire. Sally décide au bout de quelques heures de se joindre aux actes idéologiques de Will alors qu'à cause de lui, elle a frôlé la mort et qu'elle le connaît depuis 2 jours ???!!! Difficile d'y croire. Le personnage du gardien du temps, Raymond Léon, joué par Cilian Murphy, est une catastrophe. L'acteur présente un jeu complétement plat et sans intérêt. Son personnage se déclare être au service de la justice mais son but n'est pas complétement défini. En effet, on ignore ce qu'il cherche réellement. L'immortalité? La sécurité? Il ne cesse de répéter que donner du temps aux gens du gettho serait une faute grave. On a du mal à le suivre dans ce propos car les scénaristes et Andrew Niccol n'ont pas cherché à se pencher sur la question et à nous livrer une réponse claire qui aurait ainsi rendu son personnage plus ambigüe et, par conséquent, plus intéressant. Sa mort est à l'image de son personnage: ridicule.

Le film se termine sur une note dystopique. Nouvelle erreur. Non pas que je souhaitais un "happy end", loin de là. Mais je pense très sincèrement qu'avec cette idée de départ et un meilleur développement de l'histoire, le film aurait alors dû laisser le spectateur sur une note d'espoir, le laissant croire que quelque soient les multiples changements dans nos vies que le futur nous reserve, devenir hors-la-loi aux yeux de la justice ne sera pas la seule solution pour bien vivre. Dommage, Andrew Niccol... Si tu avais (beaucoup) plus approfondis ton sujet, tu aurais sans doute eu toutes les cartes en mains pour réaliser un film remarquable. Vraiment dommage...
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le 21 févr. 2013

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