Dans les années 1990 le cinéma américain profite du succès des films Batman pour adapter à l’écran différentes publications. Pourtant, les contenus de DC et de Marvel ne sont pas à la fête, notamment à cause de droits verrouillés pour des films qui ne se feront jamais. Le filon se trouve du côté des comics indépendants. Timecop fait ainsi partie de cette fournée de films des 1990 avec Mystery Men, The Mask, Ghost World, Spawn, Monkeybone ou Barb Wire. Avant la déferlante des super-héros des années 2000, c’était donc des BD indés qui avaient la joie d’être adaptées, pour des résultats assez variés.


C’est Mark Verheiden, scénariste de comics et de films, qui se retrouve à adapter sa propre création. L’esprit est très BD, très musclé : c’est un film d’action avec Jean-Claude Van Damme, alors au sommet de sa gloire, la souplesse de son jeu de jambes est fréquemment rappelée.


Cependant, le film a le bon goût d’utiliser les voyages temporels pour une petite touche de SF bien légère, avec une cohérence scénaristique et scientifique très fluctuante. Timecop joue sur deux époques principalement, 1994 et 2004, avec rien de moins qu’un sénateur qui profite des voyages dans le temps et un agent temporel qui remonte le temps mais qui se retrouve confronté au drame qu’il avait vécu en 1994.


Comme tout film sur les voyages dans le temps, il ne faut pas s’étonner de voir le film partir dans des directions qui sembleront plus ou moins crédibles. Il est bien précisé que le futur ne doit pas être modifié, la rengaine habituelle, mais rapidement le film se permet un peu tout, au bénéfice de ses deux antagonistes. Les retours en 2004 permettent de constater les changements, mais c’est aussi en baissant les yeux sur les conséquences réelles de ces modifications.


Si les reconstitutions d’autres époques sont assez bien retranscrites, mais ne sont que des intermèdes, les passages en 1994 représentent la facilité, c’est la date de tournage, tandis que c’est 2004, le futur, qui amuse. Le futur, c’est une nuque longue pour Jean-Claude, des pistolets qui font piou piou et une porte temporelle dont la sécurité physique laisse à désirer. Si le saut temporel foire, la navette s’écrase contre un mur, apparemment il n’y a pas de commission de sécurité dans le futur. Le futur, c’est aussi des Google Car bien pratiques, mais dont l’aspect extérieur ressemble à des Lamborghini en plastiques. Des tasers, de la domotique vocale et même des casques de réalité virtuelle pour le porno. C’est un futur qui se tient, grosso modo, avec juste ce qu’il faut de kitsch.


Film d’action à gros budget, Timecop a le goût des productions des années 1990. On y retrouve des fusillades dans des usines abandonnées, des vitres cassées par dizaines, une maison qui explose et même une nuque brisée. C’est la démesure hollywoodienne de ces années, à laquelle s’ajoute un JCVD en grande forme, qui fait même un grand écart sur le plan de travail de sa cuisine, comme ça.


Si les scènes d’action se tiennent bien, c’est aussi sur son scénario que Timecop a bâti son succès. Il peut bien se permettre quelques exagérations, mais le fait est que son déroulé n’est pas si explicite que dans d’autres grosses productions. Les voyages dans le temps permettent des retournements qui peuvent surprendre le spectateur, de l’amener peut-être là où il ne s’y attendait pas. Tout n’est pas acquis, même si le film se conclut dans un happy-end un peu mièvre et laisse en plan certaines questions.


Sans s’attendre à une performance d’acteur bouleversante pour Jean-Claude Van Damme, l’azimuté belge assure le rôle, mais plus pour ses talents physiques. Les autres comédiens sont en retraits, mais possèdent suffisamment de temps d’écran et de quelques répliques pour les rendre convaincants, à l’image de Mia Sara, Bruce McGill ou Gloria Reuben. Ron Silver joue le vilain sénateur, le manipulateur temporel en col blanc. Ce n’est qu’un méchant caricatural de plus des années 1990, hélas.


Timecop est l’un des plus grands succès de Jean-Claude Van Damme. Le film eut droit à une série télévisée et une suite, sans l’acteur belge. Il n’est pas aussi bien ciselé que Terminator pour ce qui est des films d’actions avec des voyages temporels, mais il a quand même pour lui une certaine énergie et un scénario qui s’autorise quelques surprises, malgré quelques raccourcis. Pour qui voudrait se replonger dans un bon film d’action des années 1990 sans se prendre la tête, Timecop est un bon candidat, ses quelques qualités lui ont plutôt bien permis de résister à l’usure du temps.

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le 3 avr. 2020

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