Ce qui frappe d'emblée dans Timecrimes est sans doute la bonhommie des personnages. Ils ne sont pas des surhommes prétentieux et trop sûrs de leurs actes (Predestination, sommet du scénario nombriliste trop fier de lui-même). Hector est un homme de la cinquantaine, un peu grassouillet, un peu mou, un peu pervers et très trouillard. Un type normal, en somme ; une sorte de candide qui traîne ses jumelles sans vraiment réaliser ce qui lui arrive pendant une bonne partie du film.
Le scientifique, joué par Nacho Vigalondo lui-même, ne réalise pas plus ce qui se passe. Ils sont paumés dans un incident beaucoup plus grand qu'eux. À l'instar de son court-métrage Codigo 7, Vigalondo montre une affection particulière pour ces personnages simplets qui revêtent des costumes trop larges pour eux. Loin des Primers, Hector agit maladroitement, ce qui rend Timecrimes touchant de naïveté et de réalisme.
La boucle temporelle est assez classique : piégé dans sa propre ligne de temps, Hector découvre que quoi qu'il fasse, il ne peut que répéter ce qu'il sait déjà. Comme d'autres du genre, tels que Triangle ou Time Lapse, Timecrimes pose la question intéressante du rapport déterminisme/libre arbitre : comment savoir si mes actions ne font pas partie du processus que je veux éviter ?
On avance en terrain connu ici : le mal que l'on poursuit n'est autre que nous-même. Un sentier balisé comme un chemin dans la nuit qui a le mérite de ne souffrir d'aucune incohérence. Les lignes temporelles s'imbriquent harmonieusement et forment une logique implacable : il n'y a pas d'issue à ce que nous sommes.
Dépourvu de toute vanité, Vigalondo s'amuse et offre un film tout à fait honnête, malin et sans prétention dans le plus pur style espagnol.