En règle générale je suis bon client de ce genre de biopic, en dépit des raccourcis, simplismes et autres inexactitudes historiques qu'on ne manque pas de constater.
Le problème ici, c'est que le film raconte au moins autant le drame conjugal que la trajectoire artistique de Tina Turner, suivant ainsi la trame de l'autobiographie de l'artiste, publiée en 1986.
Absolument tout est centré sur la relation dysfonctionnelle entre la chanteuse et son mari/mentor, et on pourra par exemple regretter l'absence totale de regard sur le sort des enfants du couple.
Je comprends bien que Ike Turner eut un rôle central dans l'existence de Tina, au point de former un véritable duo sur scène pendant de longues années, mais je trouve quand même que d'autres angles auraient pu être explorés.
Parce que tel quel, les protagonistes ne sont guère attachants, et apparaissent même franchement antipathiques, et d'une banalité confondante dans le registre de la violence conjugale.
On a Ike le gros connard égocentrique qui bat sa femme, et Tina la cruche qui lui trouve toujours des tas d'excuses, sous prétexte qu'elle-même a souffert d'être rejetée enfant par sa famille.
La psychanalyse est un peu rapide, docteur.
Reconnaissons toutefois que cette problématique est plutôt bien traitée à l'écran, le réalisateur Brian Gibson bénéficiant de l'interprétation haut de gamme du duo Lawrence Fishburne - Angela Bassett.
La comédienne signe réellement une prestation majuscule, puisque Bassett excelle également lors des séquences sur scène, singeant littéralement la vraie Tina dans sa gestuelle jusque dans ses moindres mimiques.
Au final, "What's Love Got to Do with it" n'est certes pas le film que j'aurais souhaité voir, mais reste un biopic de bonne facture, très propre techniquement, qui survole hélas trop de questions intéressantes (sa conversion au bouddhisme, notamment, ou encore ses addictions).