Tina par Dorothée Laurent
Basé sur l'autobiographie de Tina Turner publiée en 1986 "I, Tina", le film, réalisé par Brian Gibson, retrace l’histoire d’Anna Mae Bullock, de son vrai nom, jeune campagnarde de 17 ans qui, débarquant à Saint Louis, rencontre le musicien de Rhythm and Blues Ike Turner qui deviendra son mentor et époux faisant d’elle la star que tout le monde connaît aujourd’hui, mais pas sans avoir surmonté de nombreux obstacles.
Les rôles d’Ike et Tina Turner sont magistralement interprétés par Laurence Fishburne et Angela Bassett, les deux acteurs ont d’ailleurs été nommés aux Oscars pour leur prestation. A noter que Whitney Houston et Halle Berry étaient également pressenties pour le rôle de Tina Turner.
La success story
Dès sa plus tendre enfance, le chant a été la passion de la jeune Anna Mae Bullock qui se faisait déjà (trop) remarquer par sa puissance vocale au sein de la chorale de Nutbush sa ville natale.
Alors qu’elle déménage à Saint-Louis, elle rencontre Ike Turner, un musicien ambitieux et séducteur, qui se produit chaque soir dans un bar. A la recherche de nouveaux talents, le micro passe de mains en mains jusqu’à celles de la jeune Anna Mae qui éblouit toute l’assistance de par sa voix. Ike l’engage aussitôt en tant que choriste mais elle devient rapidement LA voix du groupe qu’il décide de former en changeant par la même occasion son nom en Tina Turner qu’il épouse en 1962 au Mexique après qu’elle ait donné naissance à leur premier enfant.
Les succès, salués par leurs pairs, s’enchaînent "A fool in love", "It’s gonna work out fine", "River deep mountain high" produit par Phil Spector (producteur des Beatles) et bien d’autres, jusqu’à l’apothéose de leur carrière avec le cultissime "Proud Mary". Dans le même temps, Tina développe son personnage scéniquement avec une gestuelle qui lui est propre et des chorégraphies toujours plus poussées. Angela Bassett est d’ailleurs bluffante dans les scènes de danse.
Un modèle de courage pour toutes les femmes battues
Depuis toujours hanté par la peur d’être abandonné, les agissements d’Ike ne feront que confirmer ses craintes. Dans les années 70, avec une pression constante des maisons de disques et des producteurs, Ike devient accro à la cocaïne et en demande toujours plus vocalement à Tina. Laurence Fishburne interprète Ike, un personnage négatif mais ô combien charismatique, à la perfection.
Longtemps caché, le film révèle de manière réaliste et parfois malsaine l’envers du décor, à savoir que Tina subissait depuis de nombreuses années des violences conjugales extrêmement violentes. De l’abnégation à la tentative de fuite puis de suicide, le film montre les étapes de la prise de conscience de Tina qui la fera agir pour s’extirper des griffes de son mari violent. Cette prise de conscience passe par sa conversion au bouddhisme qui lui apporte une paix intérieure et surtout le courage et la force de fuir en plein milieu d’une tournée juste avant un show en 1976.
Après s’être cachée plusieurs mois, elle obtiendra le divorce en 1978, laissant tous les biens communs à Ike et ne conservant que son nom de scène si durement acquis.
Après son abandon de la scène en pleine tournée, Tina se lance dans une carrière solo pour éponger les nombreuses dettes du duo. La consécration arrive avec le tube international "What’s love got to do with it" qui conclut le film de bien belle manière avec une confrontation Ike/Tina des plus émouvantes.
En conclusion, un film réalisé de manière plutôt classique mais interprété de façon tellement magistrale par ses deux acteurs principaux qu’il vaut la peine d’être vu, tant par les fans de la "Queen of Rock & Roll" que par tous les autres.