Je ne l'avais jamais vu ce dessin animé-là. Je me souviens que j'en rêvais quand j'étais petit, j'espérais avoir la chance de le voir, puisque j'étais fan de la série des années 90. Je me souviens du jour où j'ai appris l'existence de ce film. C'était quelque chose. Il faut dire que c'était une joyeuse époque sans internet. L'on ne pouvait donc pas se renseigner aussi facilement sur les objets qui nous intéressaient. J'imagine que ce devait être bien pire pour mes parents et mes grands parents, puisqu'à mon époque, au moins il existait des magasines spécialisés qui permettaient de pêcher quelques info à droite et à gauche. Soit...
Si "Tintin et le lac aux requins" n'est pas tiré d'un album, on y constate de nombreuses références et clins d’œil appuyés (parfois trop), y compris l'album jamais fini (cette histoire de faussaire d'art rappelle curieusement une partie de l'intrigue de "Tintin et l'Alph Art"). Ce qui est étrange, c'est qu'on ne se sent pas trop dépaysé, on a l'impression d'être dans l'univers de Tintin tel que Hergé l'avait imaginé, et en même temps, il y a de temps à autres des petits détails comme anachroniques, qui donnent l'impression que nous sommes dans un monde parallèle, proche de l'original, mais comportant quelques petites différences. Je ne saurai trop l'expliquer.
Ce qui m'a étonné dans cette aventure, c'est la violence. Ne fut-ce que dans les 15 premières minutes, on assiste à l'étranglement d'un chien ; bon, il s'en sort, mais étant donné que nous sommes loin de l'exagération d'un dessin animé de Tex Avery, cela fait bizarre de voir des personnages subir autant de violence et s'en sortir indemne (surtout que malgré tout cela, les balles restent meurtrières et donc dangereuses).
L'histoire part un peu en sucette. C'est surtout dans les résolutions de conflits que ça dégénère : trop faciles, parfois ça manque de bon sens ; mais tout ce n'importe quoi, ça fait un peu sourire, il faut bien le dire. Des erreurs et des incohérences aussi grosses qui puissent passer, c'est juste pas possible. Et puis on ne comprend plus très bien ce que font les personnages par moment, les motivations sont floues. Parfois, les personnages sont là juste parce qu'il le faut.
La mise en scène de Raymond leBlanc n'est pas des plus exemplaire. Certaines grosses maladresses dans le découpage, comme ce début, où l'on ne voit pas Tintin sortir de l'avion avant qu'il n'explose, ce qui donne l'impression qu'il s'agit là de la dernière aventure de notre reporter préféré. Mais tout cela, à nouveau amuse le spectateur. Parce que autant d'erreurs, c'est juste complètement Z. Et le Z, moi, je trouve ça drôle.
L'animation des personnages est assez inégales. Dans certains plans, c'est bien foutu, dans d'autres l'incrustation passe mal ou bien ça manque de fluidité. Les décors sont globalement assez jolis et bien exploités. La mise en scène, par contre, ne permet pas de bien se repérer dans les lieux (par exemple où est le terrain de golf exactement par rapport au ponton ?). Autre fait curieux, la tronche de certains personnages n'a absolument rien à voir avec l'univers de Tintin (comme celle des enfants et de certains personnages féminins). L'on appréciera également le pantalon de Tintin qui est en continuité logique avec le dernier album. Les voix sont correctes et les musqiues ok ; le passage musicale est assez pauvre.
Bref, un dessin animé bourré de maladresses, ce qui prête à sourire et permet donc au spectateur de ne pas trop s'ennuyer face à ce scénario souvent aberrant.