Père et fils

Je n'attendais pas grand chose du film et même s'il est loin d'être exceptionnel, il vaut quand même son visionnage.

Déjà, et on peut tout à fait reprocher cet argument, il est intéressant d'un point de vue culturel. Le rôle des populations des colonies dans la première guerre mondiale et sa réalité sordide est encore une thématique trop peu abordée en Histoire et dans l'art.

Toutefois, on peut aussi faire un premier reproche ici, tout ce contexte n'est évoqué que trop rapidement, malgré la volonté tout à fait louable d'en montrer plusieurs aspects.

Ensuite, il faut reconnaitre que le récit en lui-même est plutôt bien pensé. Le duo père-fils permet de tenir un discours double sur la guerre et l'identité. D'un côté, le fils incarne une jeune génération, francophone, désireuse d'une vie plus confortable et sensible à l'idée de faire ses preuves, tandis que de l'autre, le père représente un vieux monde, conscient des horreurs en cours et à venir mais voué à disparaitre. Ce sont aussi deux visions du conflit entre la fascination pour l'épique guerrier et la recherche désespérée de l'échappatoire.

Mais cet ensemble riche n'est jamais traité assez en profondeur, ni véritablement mis en valeur par l'artistique. Ce dernier point est d'ailleurs bien trop pauvre, malgré quelques bonnes idées, pour rendre honneur aux ambitions du récit.

Ainsi, on se retrouve à la fin avec un film tout à fait correct, doté d'une approche cohérente et pertinente mais qui n'a pas les moyens malheureusement d'offrir un ensemble pleinement convainquant, faute d'une direction artistique suffisamment forte et d'un récit développant suffisamment sa bonne ligne directrice.