Second film de François Truffaut, "Tirez sur la Pianiste" travaille un sujet certes plus "classique" que "les 400 coups" (c'est une série noire adaptée de David Goodis, soit un genre qui symbolisait ce "vieux" cinéma conspué par les jeunes loups de la Nouvelle Vague...), mais son ambiance insolite et mélancolique, enrichie de digressions sentimentales, son rythme nonchalant, lui confèrent un charme entêtant et finalement le rendent plus attachant - et peut-être moins daté finalement - que les premières aventures auto-biographiques d'Antoine Doinel. Cette légèreté, cette modernité de ton et de narration, définissent déjà la carrière du Truffaut à venir : « J’ai voulu plaire, cette fois, aux vrais cinglés de cinéma et à eux seuls. (…) Au plus fort des bagarres, des règlements de compte, du kidnapping, des poursuites, on ne parle que de l’amour : sexuel, sentimental, physique, moral, social, conjugal, extra, etc… », disait-il alors. [Critique écrite en 1982]