Sacré Palme d’or 2021, Le nouveau long-métrage de Julia Ducournau « Titane » s'apparente d’une certaine manière à un cinéma expérimental et marginal qui repousse les limites de la structure narrative en se concentrant sur une mise en scène millimétrée, formaliste et hallucinogène. La cinéaste nous propose ici un délire particulièrement obscur qui ne plaira pas à la grande majorité des spectateurs, ce qui est compréhensible (lors de ma séance, la moitié de la salle est sortie).
La réalisatrice signe un film original, gore, dérangeant, malsain, mais unique. Esthétiquement et artistiquement c’est très réussi et extrêmement intéressant. La photographie et les mouvements de caméra apportent une sensualité aux corps des protagonistes, mais aussi aux monstres mécaniques que sont les moteurs et carrosseries des voitures.
Julia Ducournau impose sa vision sidérante et surnaturelle du cinéma, faisant notamment cohabiter une nouvelle fois ses propres obsessions, celles autour de la chair, de la monstruosité et de la révélation de soi.
Le film se divise en deux parties : la première axée sur un cinéma horrifique, parsemée de scènes violentes et d’images chocs ; et la deuxième plutôt orientée sur un cinéma intimiste, avec comme thèmes la filiation et l’usurpation d’identité. Selon moi, la première est nettement meilleure et plus intéressante que la seconde.
Titane est une œuvre assez insaisissable, mystérieuse, qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Le spectateur subit, scène après scène, une succession d’images viscérales, de propositions sensorielles brutes, à base de sang, de chrome, de bitume et de mutations.
La proposition est tellement radicale que l’on ne peut qu’être pour, ou contre…