Lorsque je me suis rendue le 14 juillet au cinéma, je n'avais aucune idée de la gifle que j'allais me prendre pendant l'intégralité de la séance. Titane est le premier film que de Ducournau que je vois. J'avais prévu de quitter la salle si le film était trop violent pour moi. Je n'ai pas été capable de décrocher mes yeux de cette œuvre, dont beaucoup ont du mal me semble-t-il, à comprendre la subtilité. La seule chose que je me suis dite pendant les deux heures de film c'est : ce que tu vois n'est pas ce que tu vois.
Si Titane, comme beaucoup se plaisent à l'écrire, c'était "l'histoire d'une meuf qui couche avec des voitures lol", je doute que le jury du festival de Cannes ait pris la peine de lui remettre un tel prix.
Au-delà du pitch que je ne résumerai pas ici, Titane est de bout en bout l'histoire d'une transition de genre réussie. Alexia/Adrien ne sont dès le début qu'une seule et même personne. Pourquoi ? Outre l'aspect mecanophilie (que l'on peut aisément rattacher à la scène d'introduction qui est sans doute la représentation métaphorique d'un viol), Alexia semble tuer tout ceux avec qui elle a une relation sexuelle en tant que femme. Lorsqu'elle décide de quitter la maison de ses parents après avoir liquidé l'intégralité de la coloc e sa collègue et amante, elle choisit, dans un premier temps, de brûler ses vêtements, de femme. FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE. S'ensuit la fameuse cavale, où nous assistons à la transformation, qui est la scène la plus criante du film : coupe de cheveux, rasage de sourcils, et binder sont de sortie. Si Alexia/Adrien est enceinte, ce n'est, à mon avis là que pour accentuer sur la dysphorie de genre que vit Adrien au quotidien à la caserne (son ventre grossit, symbole par excellence de la féminité). En cela, la scène de l'accouchement, qui voit naître un enfant mi-titane, mi-humain, n'est que l'accomplissement de sa transition de genre. Pendant tout le film, alors que Vincent Lindon appelle Adrien le personnage d'Agathe Rousselle, il l'appelle finalement Alexia, lorsque celle-ci est "morte", le ventre déchiré comme la chrysalide d'un papillon. Alexia, est ici un dead name. Alors à tous ceux qui pensent qu'il ne s'agit ni plus ni moins que d'une histoire bancale et dégueulasse, je vous invite à retourner le voir, et à changer d'avis.