Le nouveau Ducournau est sans aucun doute l’œuvre qui aura le plus tétanisé la Croisette depuis un bon bout de temps. Cette première restera imprimée dans bon nombre d’esprits, marquée notamment par la prise en charge par les pompiers d’environ une vingtaine de spectateurs ayant vomi et/ou fait un malaise ainsi que de multiples départs précipités de spectateurs horrifiés. Un film percutant, suscitant de telles émotions fortes, est synonyme de réussite. Pour résumer efficacement le film: une serial killeuse de sang froid s’accouple avec une Cadillac et pour disparaître des radars des forces de l’ordre, elle se fait passer pour le fils d’un père qui n’est pas le sien. Ducournau empreinte en grande partie au body horror des années 80, généralement assimilé au cinéaste canadien David Cronenberg, en y ajoutant sa touche personnelle de cruauté et de sensibilité afin de donner naissance à un récit dévastateur d’excentricité. Elle met en lumière la beauté de la monstruosité en effectuant un alliage équilibré mais complexe de sang, larmes, et métal. En parlant de mélange, l’alchimie entre Vincent Lindon, bodybuildé comme Schwarzy, et Agathe Rousselle, révélation féminine de ce festival, est à l’image de ce film : inattendu, déroutant, et miraculeux. Julia Ducournau mérite amplement cette Palme, Grave même.