Bon, ben pas super convaincu par le film.
Pourtant, j'essaie. J'essaie de voir ce que les jurés de Cannes y ont vu, j'essaie de me dire que c'est une évolution, dans le bon sens, d'un Grave qui, si il était réussi, ne pétait pas non plus très loin...
Alors oui, on retrouve les qualités de ce premier film (Un visuel soigné, un sujet traité avec sérieux et profondeur sans tomber dans le pensum), mais Ducournau livre là un truc qui semble moins abouti. Si le visuel est là, l'ambiance, l'atmosphère n'est pas aussi réussie et homogène, renforçant l'impression d'un truc brouillon que laisse le scénario. Parce que le postulat de base (la fille qui a un rapport particulier à la bagnole) aurait mérité d'être plus creusé, aurait étayé le côté serial killer, et donner de quoi enrichir encore la suite du récit. Il y aurait eu matière à traiter correctement ce rapport à l'objet, à la chose mécanique, à faire, enfin, enfin, un film à la fois cyberpunk et cronenbergien. Mais on passe trop vite à la cavale, puis au jeu de poker menteur dans la caserne qui, lui, donne l'impression d'être amené avec des sabots et de se traîner (alors que la presta de Lindon le vaut bien). Et au bout de ce qui semble un assemblage de 2 ou 3 scénarii différents, on retombe loin du fantastique, pour rester dans du drame humain, psychologique, pas mal fait, non, mais dénué de cette dimension nouvelle que l'ingrédient fantastique aurait pu, justement, y amener...
Et si Agathe Rousselle est juste monumentale, on a toujours ce même problème d'écriture, cette même impression qu'il manque un quart d'heure au début du métrage pour poser la complexité du perso. Alors que l'écriture des personnages était une des grandes qualité de Grave... Et le film, comme trop souvent, de se finir là où il aurait pu décoller.
Bref, rien de catastrophique, non, mais j'attendais, j'esperais un chef d'oeuvre, un truc qui m'aurait fait m'écrier "Long Live the New Flesh!", et j'ai juste eu un truc oubliable.