1996. Alors qu’une équipe scientifique fouille l’épave du Titanic à la recherche d’un diamant d’une valeur inestimable, elle découvre à la place un dessin représentant une femme portant le diamant en question. Or, celle-ci, Rose Calvert (Gloria Stuart) est toujours vivante, âgée de 101 ans. Elle arrive sur le lieu des recherches et raconte alors toute l’histoire du paquebot, et comment, alors jeune (et ayant le visage de Kate Winslet) et fiancée à un homme orgueilleux et brutal (Billy Zane), elle fit la connaissance de Jack Dawson (Leonardo DiCaprio), vécut une impossible histoire d’amour avec lui, et affronta avec lui le naufrage le plus connu de l’histoire.
Je ne pense pas avoir besoin de présenter le deuxième plus grand succès de l’histoire du cinéma (qui se fera voler la première place par Avatar, de James Cameron également), tant celui-ci bénéficie d’une réputation qui ne faiblira pas avec les années. Il faut dire qu’au vu du film, cette réputation se comprend amplement, Cameron y faisant montre d’une ambition qu’il n’avait alors pas encore montré dans une autre œuvre. Titanic remplit donc toutes les clauses des films habituels du réalisateur, pour le meilleur et pour le pire.
Du côté du pire, il faut – une fois n’est pas coutume – citer un scénario qui enfile tous les clichés du genre, au travers de personnages trop caricaturaux pour convaincre, avec son histoire d’amour impossible, à cause de contraintes sociales auxquelles les deux personnages principaux s’opposent corps et âme. On se retrouve donc avec la vision, si usée qu’on se demande comment elle tient encore la route, des méchants riches prétentieux et égoïstes qui ne cherchent qu’à écraser de leur mépris de gentils pauvres que leur absence de ressources rend sympathiques et généreux. Le casting n’aide guère à nuancer cette vision très manichéenne, Billy Zane ou Frances Fisher adoptant un jeu sans grandes nuances, pas beaucoup plus qu’une Kate Winslet dont le charme ne parvient pas à compenser un jeu souvent trop monolithique, seul DiCaprio parvenant à mettre un peu de vie dans tout cela.
Cette malheureuse platitude de scénario et des personnages ne parvient dès lors pas vraiment à faire entrer le couple principal au panthéon des couples de légendes du cinéma (en tous cas, pas dans mon panthéon), Jack Dawson et Rose Calvert n’apparaissant que comme deux jeunes écervelés égoïstes qui veulent vivre leur histoire coûte que coûte sans jamais prendre en compte la réalité qui les entoure.
Et pourtant, comme dit ci-dessus, on retrouve dans Titanic tout ce qui fait la caractéristique du cinéma de Cameron. Et si un scénario inepte et des personnages ultra-clichés en sont malheureusement deux éléments constitutifs, ce serait oublier que Cameron est tout-à-fait capable de compenser ces défauts lorsqu’il déploie toute l'étendue de son génie visuel unique au monde. Et ici, c’est peu dire qu’on est servi à ce niveau-là !
Ayant vu les choses en grand, James Cameron nous propose donc une complète immersion par l’ampleur de sa mise en scène et de sa reconstitution, utilisant aussi bien les décors matériels (une maquette du Titanic a été construite à 90% de la taille réelle du navire pour les besoins du film) que les effets spéciaux par ordinateur. La photographie de Russell Carpenter étant d’une perfection de tous les instants, le film est d’une splendeur incroyable, introduisant un souffle épique particulièrement plaisant dans un récit qui a le bon goût de ne pas s’étendre plus que de raison sur une romance gnangnan - Cameron étant peut-être bien conscient de ses faiblesses - et privilégiant le film catastrophe par la mise en scène du naufrage, immense moment de cinéma, qui occupe toute la deuxième moitié du film.
Dès lors, Titanic nous montre sans peine à quel point sa réputation est méritée, tant il devient impossible de quitter l’écran des yeux, grâce à une remarquable absence de temps morts et une mise en scène grandiose et puissamment immersive, renforcée par la musique de James Horner, qui permet même à une certaine émotion de prendre son envol, faisant ressentir toute la gravité et la tragédie humaine du drame qui se déroule sous nos yeux.
De quoi largement compenser l’inégale première moitié du film, en embarquant son spectateur au point que lorsque le générique de fin survient, on se rappelle tout à coup que tout cela n’était que du cinéma. Mais à ce niveau-là, peut-on encore dire que ce n'est "QUE" du cinéma ? C'EST du cinéma, dans tout ce qu'il a de grand, de noble et de puissant... En un mot, c'est du Cameron !