25 ans plus tard, que reste-t-il de "Titanic", longtemps resté le plus grand succès de l'histoire du cinéma, le triomphe d'un seul homme, James Cameron ? Si certains effets spéciaux, en particulier la fameuse scène de "l'envol" à la proue du bateau, ou lors de l'engloutissement final, commencent à dater, le film en lui-même n'a guère pris de rides, sans doute parce qu'il s'agit là d'un cinéma extrêmement classique - mais jamais académique, car Cameron sait insuffler une belle énergie à ses protagonistes - par la manière dont il conduit sa narration complexe (la petite histoire entre-mêlée à la grande, lui apportant un éclairage intime révélateur (comme dit le personnage de Bill Paxton, "je n'avais jamais compris le Titanic avant d'entendre cette histoire"…), et dont il confère une vie troublante à chacun de ses personnages, quel que soit le temps qui lui est attribué dans le récit. La romance ultime entre Rose et Jack, qui avait terrassé d'émotion les foules du monde entier, traduisait avant tout chez Cameron une croyance invincible en la supériorité de la femme - un thème qui traverse toute son œuvre - et un rejet des systèmes totalitaires qui réduisant celle-ci à une position de soumission à l'homme, et reste à date l'une des plus justes et des plus belles que le cinéma nous ait jamais offert. Mais ce qui explique surtout le succès du film, c'est l'extrême générosité d'un réalisateur talentueux, qui met la toute-puissance de son Art entièrement au service de son spectacle.
[Critique mise en forme en 2021, à partir de notes prises en 2009 et 2013]