Un naufrage vers les sommets.
Bien. Mon but, ici, ne sera pas d’essayer de vous convaincre que Titanic est le meilleur film de tous les temps. Certains le pensent probablement, là où d’autres ne pourront jamais comprendre que l’on puisse ne serait-ce que l’envisager. Non. Je vais simplement essayer d’expliquer pourquoi le film de James Cameron fait partie de ceux que je prends le plus de plaisir à regarder et pourquoi j’ai décidé de lui attribuer la note maximum.
Pour contrebalancer avec les trop nombreuses notes en dessous de la moyenne ? Sans doute un peu. Mais aussi, et surtout parce que j’ai bien du mal à lui reprocher grand-chose. J’adore les films catastrophes, parce que lorsqu’ils sont bien faits, ils prennent vraiment le temps de s’intéresser à leurs personnages, décuplant ainsi l’empathie que l’on éprouve pour eux, a fortiori au moment où tout part à vaux l’eau. Et Titanic le fait avec brio, prenant réellement le temps de détailler l’ensemble de ses personnages, aussi bien principaux que secondaires. Jack, Rose (la véritable héroïne du film), Mr Andrews, Mr Ismay, ou les membres du personnel du bateau ; chaque personnage parvient à se démarquer et à exister dans un film pourtant assez dense de ce point de vue-là, ce qui, à mon sens est déjà très fort.
Vient ensuite la fameuse histoire d’amour qui confirme pour moi l’une des grandes qualités de James Cameron : sa capacité à raconter des histoires. Car bien que partant d’un postulat de départ somme toute assez classique, l’idylle entre Jack et Rose est parvenue à me toucher comme jamais. Et cela grâce, je le répète une nouvelle fois, à une narration qui transmet son amour pour ses deux personnages principaux, servis par une interprétation magistrale. Au fur et à mesure que cette relation évolue, elle me prend aux tripes, et je me laisse porter par le charme des personnages et leurs péripéties. Et c’est d’autant plus fort à chaque revisionnage, une fois qu’on a pleinement conscience de la portée du rôle de Jack dans la vie de Rose et qu’on sait comment ça va se terminer. Son ultime tour de force aura été de parvenir dans la première partie à me faire totalement oublier que j’étais à l’origine venu voir un paquebot couler. Le sentiment que j’ai éprouvé lorsque le film m’a ramené à la réalité des choses après le baiser entre les deux héros restera un des plus forts que j’ai ressenti dans un cinéma.
Puis vient le naufrage, qui reste pour moi la meilleure catastrophe que j’ai pu voir dans un long-métrage. Spectaculaire, encore aujourd’hui tout à fait convenable en terme d’effets spéciaux, la tension est d’autant plus vive que le nombre de personnages pour lesquels on vibre d’une scène à l’autre est important. Et que dire de ce long moment d’attente dans l’eau glacée, qui me fait presque grelotter chaque fois que je le regarde, où on est happé, impuissant, vers l’inexorable tragique dénouement, qu’on s’est naïvement surpris à espérer différent.
La vérité est que rarement un film aura su avec autant de brio me faire ressentir autant de choses. Et puis, merde ! Un film qui m’offre une bande originale impossible à écouter sans verser une petite larme ; qui me met Eric « Victor Newman » Braeden en John Astor ; et que j’ai été capable de regarder en entier cinq fois en une semaine sans éprouver l’ombre d’une once de lassitude (non, ce n’est pas une maladie…enfin, je ne crois pas) ; ça en fait forcément un film extraordinaire qui mérite sa note maximum !
Alors oui, il s’agit d’un blockbuster, destiné par voie de conséquence à plaire au plus grand nombre. Mais qu’on le veuille ou non, le film grand spectacle fait aussi partie intégrante du cinéma. Et quand ils sont aussi bien traités que ce Titanic, que j’apprécie plus encore à chaque fois que je le vois, je me refuse à penser qu’au moins quelques-uns n’ont pas pu marquer l’histoire du cinéma.