Belle réussite que ce film présenté à Cannes l'année dernière, qui marque (avec quelques autres) l'entrée en force de l'Inde dans le paysage de la cinéphilie mondiale.
Titli est d'abord une chronique sociale très impressionnante. La vie quotidienne indienne y est montrée avec une acuité cruelle : pauvreté, détresse morale, corruption généralisée, police gangrenée, mariage arrangé, folie immobilière.
Dans ce décor très sombre, Kanu Behl nous montre le parcours de trois frères, dominé par le plus agé des trois, véritable brute à sang-froid. Le cadet, timide et rêveur, aimerait se sortir de ce milieu immoral et criminel. Y parviendra-t-il ? Je ne vous le dirai évidemment pas.
Le film possède beaucoup de points forts : un scénario très puissant, une direction d'acteurs virtuose, une facilité à installer les ambiances psychologiques de chaque scène en quelques plans. Les scènes de violences sont rares, mais elles éclatent comme des orages après d'énormes moments de tension, exactement comme dans le cinéma de Scorsese.
D'une façon générale, Kanu Behl n'hésite pas à filmer au plus près de ses personnages. Peur, colère, frustration, espoir, gêne : l'intensité des sentiments est souvent exacerbée.
Un film dur, mais remarquable.