La vengeance n'aboutit qu'à une seule issue...

Voici un film qui me faisait de l'œil depuis longtemps ! Etant l'adaptation d'une pièce de William Shakespeare (auteur que j'adore), il était évident que je devais m'y attaquer un jour ou l'autre. De plus cette pièce n'a jamais été jouée du temps de Shakespeare car elle était trop violente et malsaine pour l'époque...
Comment ne pas être hypé par le film ?

SCENARIO:
Titus Andronicus est un valeureux chef de guerre romain. Son écrasante victoire sur le peuple goth lui aura couté la vie de ses 21 fils. De retour à Rome, il aide Saturnin, fils de l'empereur, à accéder au pouvoir. Malheureusement ce dernier va s'enticher de Tamora la reine des goths faite prisonnière par Titus. Désormais elle va profiter de son statut d'impératrice pour ourdir sa vengeance contre Titus à qui elle doit la mort de son ainé !
Juste en lisant le synopsis, on se rend compte de la maestria de cette histoire ! C'est un récit fort rempli de meurtres, de violence, de désespoir et de vengeance !
On retrouve tout ce qui faisait la saveur des œuvres de Shakespeare : le drame ambiant qui est palpable et prenant du début à la fin, le côté trash et glauque de pas mal de scènes, ainsi que des moments volontairement ridicules et comiques disséminés ça et là.
Tout cela démontre une bonne appropriation de l'œuvre originale et aussi un immense respect de celle-ci. Même le message du film renvoie aux thématiques de Shakespeare : la vengeance n'est jamais glorifiée bien qu'elle soit au cœur de l'intrigue, elle mène inévitablement les personnages à leur perte !
En dehors de cela, le scénario est très complet et riche en rebondissements divers et sous-intrigues complexes et variées.

VISUEL:
Même de ce point de vue là, on retrouve un côté très théâtral ! Les décors, bien que nombreux et très détaillés, restent suffisamment épurés pour que l'attention se focalise surtout sur les personnages.
Le film en lui-même est très graphique et propose un bon nombre de plans visuellement impressionnants et très travaillés au niveau des couleurs et de la luminosité. Rien que le début du film est un exemple de virtuosité visuelle.
Il y a un détail un peu bizarre... bien que le contexte soit la Rome Antique, on y voit des véhicules modernes... des maisons ressemblant à des appartements... des tribuns habillés comme des hommes politiques contemporains... et tout un tas d'autres choses assez inappropriées... Même si cela provoque un choc la première fois, ces anachronismes peuvent s'expliquer par la présence d'un jeune garçon qui est entré littéralement dans l'œuvre ( on en parlera plus en détail après), comme si l'atmosphère de l'œuvre se mélangeait avec la vision plus moderne du garçon.
Je m'attendais également à plus de sang mais l'œuvre n'est pas si graphique que cela à ce niveau... Il y a très peu de passages explicites ou véritablement gores.

ACTEURS:
Un autre aspect de William Shakespeare qui a été reprit ici : l'innocence n'existe pas, ou alors elle n'existe que pour mourir ! Tous les personnages du films ont quelque chose à se reprocher, des fautes qui leur nuiront d'une manière ou d'une autre.
Mister Anthony Hopkins Himself joue le rôle de Titus. Il est excellent dans son interprétation, je dirais même qu'il joue mieux que dans la plupart de ses autres films car il ne se cantonne pas à une seule interprétation mais passe par toutes les émotions possibles et imaginables ! En bref : il est beaucoup plus complexe.
Jessica Lange joue la reine Tamora. D'une certaine manière elle me fait penser à Dolores Ombrage dans la saga "Harry Potter" : un personnage tellement vicieux et satisfait qu'on ne peux pas s'empêcher de la détester ! Tamora est une femme manipulatrice et cruelle qui ne reculera devant rien pour assouvir sa vengeance !
Il y a beaucoup d'autres personnages, d'habitude cela pourrait être un défaut mais ici ça passe sans problème. Les personnages non-essentiels à l'intrigue sont rapidement évacués pour qu'on ne puisse se concentrer que sur les vrais personnages principaux.
Certains d'entres eux sont touchants et d'autres sont absolument immondes, mais tous y mettent toute leur énergie et leur talent !
J'aimerais également revenir sur le petit garçon. Au départ il appartient à notre réalité et finit par être propulsé dans l'œuvre de Shakespeare. Son rôle est purement symbolique et totalement soumis à l'interprétation de chacun. Je vous donne mon interprétation personnelle : et si le garçon représentait le spectateur que nous sommes... Au début de l'intrigue il est juste un jeune avide d'histoires sanglantes, puis il se retrouve témoin et figurant passif de l'histoire, et finalement il devient prisonnier de cette histoire et en devient même un personnage à part entière !

DEFAUTS ? :
- Je ne suis pas un Social Justice Warrior... mais le seul personnage 100% mauvais et sadique est noir... Je pense qu'il y avait une intention claire de la part de Shakespeare (car oui c'estde son fait et non de celui de la réalisatrice)...
- Il y a pas mal de situations qui échappent un peu à ma compréhension... essentiellement car tout le film repose sur un symbolisme très marqué...