Du Jeu et du Gin

• Andrea Riseborough et la Vodka

La première partie est terrible, c'est long, on suit la très difficile fin de descente aux enfers de Leslie. L'alcoolisme a nu dans ce qu'il fait de pire. Le film le saisit avec brio, la froideur des plans, la captation des émotions transmises par l'actrice, c'est vraiment marquant.

La performance en elle même est remarquable, bien qu'un peu dans le surjeu au tout début de l'intrigue. Andrea Risebourough fini par trouver une vraie justesse et une spontanéité dans son parcours, ses crises, puis dans ses tentatives de rédemption. Elle est forte et très bien accompagnée par le maquillage et les costumes. Dégaine horrible, sale gueule, vêtements délavées, plus aucune estime pour elle même, voix tremblante et mal posée, tout semble réel et dur. Ce style et ce jeu qui s'inversent lorsqu'elle interprète une Leslie un peu plus optimiste fonctionnent encore mieux. C'est surement confrontée aux doutes qu'elle est la plus touchante et la plus brillante.

• Un film humain : du beau et des défauts

Le reste du cast est clairement au second plan, mais c'est efficace. Les images sont réussies et ce décor texan aussi, on y croit, on rentre volontiers dans cet univers, dans cette petite ville qui charrie son lot d'attachements et de rivalités. Tout ces éléments combinés avec une musique utilisé avec parcimonie participent grandement de la force esthétique et émotionnelle du film.

La seconde partie est plus structurée, plus classique, on entrevoit un espoir, on s'y accroche, on espère. De ce point de vue là, les tensions fonctionnent également. La dynamique plus traditionnelle d'un arc de redemption est a nouveau mise en valeur par le jeu des comédiens.

J'ai deux reproches a faire au film, mais ils se rejoignent. Quelques longueurs, et notamment les deux ou trois scènes où Leslie est au bar et qu'elle tente de chauffer des mecs pour se faire payer a boire, c'est insoutenable de malaise. Mais de ce point de vue encore, c'est un vrai parti pris, il m'a juste fait sortir du film quelques instants.

En bref, la réalisation de Michael Morris est maîtrisée, c'est un très beau long métrage bien qu'il repose presque intégralement sur la performance de son actrice principale.