Togo
7.1
Togo

Film de Ericson Core (2019)

Quand, enfant, on a lu avec gourmandise les récits transis de Jack London, de James Oliver Curwood, de René Guillot..., on garde une propension à savourer par avance tout film situant son histoire dans les étendues blanches et hostiles du Grand Nord ou d'ailleurs (pourvu qu'il y neige, qu'il y gèle, qu'il y ait des loups...).


Togo ne déroge pas la règle.
Son pitch tape dans l'œil.
Cerise sur la crème glacée : le scénario se base sur des faits réels et l'excellent Willem Dafoe est au casting.


Le début ne déçoit pas, donne envie, ce d'autant plus qu'il a des airs de Jaws (face-à-face, sauvagerie, détermination... ). La petite communauté de Nome qui envoie Leonhard Seppala (W. Dafoe) quérir un sérum pour sauver ses enfants rappelle celle de l'île d'Amity missionnant Bart Quint (Robert Shaw) pour détruire un requin géant et... sauver les baigneurs.
Avec bien sûr la présence de la femme résignée qui se ronge les sangs : pour son époux, mais également pour ce Togo qu'elle adore depuis le début


(le mari, lui, a eu beaucoup de mal).



I must say this before you make a decision you'll forever regret. You're more attached to him than you know,and you're about to run him to his death. And you're not prepared for what it's going to do to you, I promise you.



Pourtant, malgré le sujet, malgré Dafoe, malgré un chiot (Togo jeune) "trop-mignon", le film d'Ericson Core peine à nous transporter (sur son traîneau).


Les studios Walt Disney auraient pu notamment travailler la dimension instructive de leur film.
Si peu sur la soif de l'or (qui explique l'exil de Seppala, européen d'origine), si peu sur la relation de l'homme aux indigènes, si peu sur la faune de l'Alaska, rien sur les différents pedigrees des chiens de traits, sur la personnalité des différents éléments d'un attelage, sur l'exploitation (ou pas) de ces chiens, si peu sur le concept de sacrifice...


Dans la mesure où le réalisateur a montré certaines dispositions discursives, a su glisser une petite séquence sur l'altérité


< lorsque Dafoe oppose malicieusement les Belges aux Norvégiens >


, a su faire référence aux autres (Inuits, Noirs, Juifs), a su montrer son héros défier lyriquement la Nature au moment crucial, comment a-t-il pu omettre de creuser un tant soit peu les thématiques évoquées plus haut ?



They're not pets. They're not our friends. They're not our children. They're animals. Work animals.



En outre, la beauté des paysages est mal mise en valeur, la bande-son « violonante » est lourdingue, certains passages sont répétitifs – la traversée sur la glace (filmée paresseusement), les haltes dans les relais...


Reste que l'on ne s'ennuie pas, que l'on a à cœur de connaître l'issue du périple de Togo et de ses congénères, que l'on peut être certain que le jeune jeune public (par nature moins regardant) vibrera au rythme de ces onze magnifiques bêtes, s'émouvra devant cette histoire d’amitié et d'abnégation (humaine et animale)...

yaleker
7
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le 25 déc. 2019

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