Film assez étrange, retransmettant bien l'ambiance du premier volet de la trilogie « Monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort. », mais avec cette espèce de sentiment de suivre un long monologue, des séquences étranges presque non enchainées les unes aux autres, sans volonté particulière de trouver un prisme scénaristique commun.
Ce n'est bien sûr qu'une impression, et si on devait faire une comparaison, ce serait plutôt du côté littéraire - en omettant ses livres - dans l'ouvrage de Sade "Justine ou les Malheurs de la vertu", même si de prime abord on peut s'interroger sur la vertu d'une prostitué (même de luxe).
C'est pourtant bel et bien le cas, Ai est une jeune femme vertueuse qui ne désire que retrouver son amour perdu, et qui la nuit devient une pute de luxe malmenée par toute une classe de salarymen compulsifs frustrés/femmes esseulées frustrées complètement dégueulasses. In fine, on retrouve ici l'empathie sans concession, extrêmement violente que tente de transmettre Murakami dans la plupart de ses bouquins.
Un film qui ne plaira sûrement pas à tout le monde tant le propos est violent, la mise en scène parfois odieuse, le scénario décousu...
Pour ma part, toujours cette impression d'avoir vu (ou lu) quelque chose d'intéressant qui, comme il s'en sent le devoir, donne la "parole" aux marginaux et tristes de la société nippone, sans pour autant faire du mélodrame et de la guimauve. Superbe.