A première vue, L'œuvre de Ryu Murakami met en avant les abjectes déviances sexuelles de la population nippone. En effet, la nouvelle génération de cette nation à la fois castratrice et pudique s'est révoltée contre les valeurs patriarcales pour assumer de plus en plus ouvertement ses penchants pervers et amoraux (sadisme, exhibitionnisme, fétichisme, nécrophilie, scatophilie.). Mais l'auteur-réalisateur ne fait pas pour autant l'apologie de cette décadence dans le simple but de provoquer, mais au contraire pour mettre les Japonais en face de leur propre disgrâce.

Aï, l'héroïne de ce film, est une prostituée se retrouvant à plusieurs reprises spectatrice taciturne de la déchéance de la société Japonaise. Par ailleurs, Ryu Murakami utilise l'absurde et le vulgaire afin de révéler la dualité propre à la faune tokyoïte. Cette ambivalence sera alors présente dans toutes les scènes du long métrage. Afin de symboliser ce constat, le principal protagoniste est représenté par une femme belle, douce et discrète se retrouvant avilie par une succession de situations dégradantes. De même, les clients affichent ouvertement leurs facettes névrotiques en révélant leurs fantasmes pervers et humiliants, mais finissent toujours par faire preuve d'humanité en restaurant la dignité de la femme.

Tokyo decandence, présente les affres de la solitude ainsi que le sentiment d'aliénation imposé par la société. Pour introduire le spectateur dans cette fresque, le premier acte présente à la fois Aï dans une position d'esclave, ce qui souligne le dépouillement des libertés individuelles, tout en donnant la clef de toute entente avec son prochain: La confiance. Pour finir, ce film cristallise les rapports humains selon certaines hiérarchies omniprésentes (dominant-dominé, maitre-esclave, client-fournisseur) bien plus direct et honnêtes dans le domaine du privé. Car, et c'est là le point d'ancrage de la réalisation de Murakami, les relations sont strictement identiques en société, à la différence prés qu'elles sont travesties sous couvert de décence. Le réalisateur essaye donc de responsabiliser le spectateur en le guidant à travers une réflexion sur lui-même et son rapport aux autres!
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le 19 sept. 2011

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Julien Chesneau

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