Je suis tombé sur ce film au hasard, et malgré quelques trucs un peu gênant, il ne s'en sort pas trop mal.

Tokyo Godfather est un film d'animation organisé un peu comme un conte de Noël sur trois SDFs qui trouvent un nouveau-né, et qui va les emporter dans une série de péripéties.

L'animation est correcte. J'ai cru qu'elle avait quelques défauts au départ mais ça s'est estompé assez vite. Les défauts de l'œuvre ne situent pas sur ce plan.
Le rythme est maîtrisé de bout en bout. Beaucoup d'action, mais le film prend le temps de ralentir de temps à autre, pile au bon moment. Cela donne une impression d'étrangeté mais ce n'est pas mauvais.
La B.O est plutôt jolie, d'après ce dont je me souviens.
L'esthétique est particulière, dans une veine franchement réaliste, ce n'est pas enchanteur comme pourraient l'être d'autres films d'Animation japonais mais ce n'est clairement pas le but. Et dans son thème, c'est réussi.

Le chara design « surjoue » nettement, quand même. C'est ce qui m'a le plus gêné. Des personnages qui font de grands gestes, qui crient tout le temps, qui n'arrête pas de bouger... Je comprends pourquoi, mais j'ai du mal à l'accepter. Le thème très dur a à mon avis poussé le film à introduire une bonne dose d'humour et de légèreté pour « faire passer la pilule », et ce ton des personnages s'inclus dans cet objectif.
Au-delà de ça, les personnages sont tous fouillés, très réalistes, aucune critique à faire là-dessus. Ce sont des personnages vivants, émouvants, attachants, psychologiquement cohérents, intéressants et avec des enjeux particulièrement profonds. C'est camouflé derrière quelques bonnes doses d'humour mais c'est quand même bien présent.
Le trio principal est composé d'une enfant fugueuse, d'un(e) transsexuel(le) et d'un ancien mari confronté à des problèmes de jeu.

Le ton est un peu léger et badin mais ce n'est qu'une apparence. On a l'impression d'un conte de Noël un peu drolatique où s'enchaînent des scènes d'actions et des bons sentiments, mais le dessous noir ressort très vite si tant est qu'on est un peu attentif. C'est un peu dommage, mais je pense que c'était aussi un peu nécessaire. J'aurais peut-être préféré que le trait ne soit pas aussi forcé, mais bon...

Les thèmes sont nombreux, liés aux différents personnages, et souvent assez sombre.
La vie sans toit est traitée en long, en large, et en travers. Sans tomber dans le misérabilisme, ça dresse une peinture assez crue entre problèmes de santé, recherche de nourriture, alcool, violence et solidarité. De ce côté, on a plusieurs scènes très forte.
Au travers des personnages, on a le thème de la fugue, et de l'enfant fuyard, SDF plus ou moins volontaire d'un côté. De l'autre, le transsexualisme et ses conséquences, notamment le désir d'enfantement, ainsi que la classique « descente aux enfers » après des problèmes de jeu, d'alcool et familiaux. Trois thèmes qui pourraient faire à eux seul le film mais on ne s'arrête pas là.
Difficile d'expliciter sans dévoiler trop de chose, donc regardez-le, tout simplement.
La perte d'un enfant et la souffrance qui en découle, et tout ce genre de choses sont également mis au centre du film, par la force des choses. Et plus globalement les responsabilités parentales constitue le thème un peu transversal « Un pour les réunir tous... » qui lie un peu toutes les composantes.
Et en plus de ça, on a une histoire d'amour difficile, en filigrane, franchement culotée et surprenante et le monde de la Mafia et règlement de comptes qui est un peu effleuré.

Soyez prévenu, le scénario est complétement invraisemblable et s'enchaîne à coup d'artifices qui n'ont aucune forme de justification rationnelle, des rencontres cousues de fil blanc, et des péripéties sans queues ni tête. Toutefois, ça s'inscrit dans le schéma du « conte de Noël » où tout est possible, où tout s'enchaîne « magiquement » et où ça passe donc très facilement, sans coincer, sans gêner, autour de l'enfant dont le trio doit s'occuper.

J'ai trouvé ce film en tout cas très intéressant. On a une vision du Japon pour une fois réaliste, sombre, mais optimiste de par son aspect. On navigue entre le monde de la rue, la mafia japonaise et une famille désœuvrée. Un film à la fois très riche, avec une forte personnalité, et réussi d'un point de vue esthétique. À part quelques problèmes de ton, je ne vois pas de raisons de s'en priver.


Au final, la superposition d'une sorte de conte de Noël, d'un fond très noir et d'un ton décalé et humoristique donnent à ce film une ambiance particulièrement étrange qui sera à mon avis loin de plaire à tout le monde. Mais moi, ça ne m'a pas dérangé, hormis les personnages exubérants qui tapent un peu sur les nerfs à la longue, j'ai bien apprécié ce film.
Miroir-rioriM
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le 10 janv. 2012

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