Du réalisateur, je n'avais vu que "Perfect Blue" que j'avais bien aimé mais sans plus, contrairement aux fans qui encensent le film et à raison d'ailleurs ! En cette fin de mois de novembre, la période est alors idéale pour découvrir un autre de ses films phares, celui-ci bien-sûr, sorti en 2003.
Un soir de Noël, un groupe de trois sans-abris composé d'un homme, un travesti et une jeune fille, découvre un bébé, abandonné dans un garage. Tandis que l'homme et la jeune fille veulent aller le donner au commissariat, le travesti veut absolument le garder pour enfin réaliser son rêve, celui de devenir mère.
Déjà, nous avons trois personnages marginaux, marginaux car ils vivent dehors et sont donc considérés comme des rebuts de la société, surtout au Japon où c'est considéré comme une honte mais également de par leur personnalité. Un transgenre donc, une jeune fille qui a fait le choix de fuir le foyer familial après un grave évènement et puis un homme qui raconte surtout beaucoup de mensonges. Mais, plus important, ils sont marginaux car ils ne se jugent pas entre eux et ne jugent pas les autres non plus, mis à part les parents qui ont abandonnés le bébé. On s'attache alors déjà assez vite à ces personnages qui font absolument tout pour retrouver les parents et prendre soin du bébé alors que leur priorité est déjà de prendre soin d'eux-mêmes.
Mais ce périple est surtout le moyen pour eux de réaliser un voyage initiatique, chacun apprenant d'eux-mêmes et des autres au travers d'énormes coïncidences. Alors cela peut être une facilité narrative dit comme ça mais ces coïncidences font entièrement parties du thème du film, il y a une histoire de magie de Noël mais ce n'est pas tout. En effet, nos trois personnages sont confrontés à des situations qui les dépasse et avancent au travers de coïncidences toutes plus grosses les unes que les autres, comme si la vie leur offrait enfin une rédemption, un moyen de consolider leur famille de fortune (mais pas moins unie et remplie d'amour, explicite ou non). Ces coïncidences sont en réalité plus des épreuves que de la chance et permettent ainsi aux personnages d'avancer dans l'histoire bien-sûr mais surtout de revenir sur leur passé pour tirer un trait sur leurs erreurs.
Si "Tokyo Godfathers" évoque donc les thèmes classiques du film de Noël, à savoir la famille, la "magie" et l'amour, il fait le choix de mettre en scène un cadre narratif (l'intrigue) et des personnages beaucoup plus originaux.