Tokyo Joe a d’abord un intérêt historique puisqu’il est le premier film américain tourné au Japon après la guerre. Malheureusement, les séquences tournées au Japon le sont avec une doublure de Bogart, celui-ci n’ayant donc jamais mis les pieds au Japon !
Le film n’est pas mauvais mais il souffre de la comparaison avec le chef-d’œuvre de Michael Curtis, Casablanca, dont il reprend plusieurs éléments essentiels : Bogart dans un pays étranger, tenant un bar, tentant de retrouver un amour perdu qui entre-temps a épousé un autre homme, et une chanson emblématique en forme de souvenir amoureux. Tout cela s’explique par le fait que Bogart (c’est lui-même qui a produit le film) voulait conforter son image de héros romantique qu’il avait notamment gagnée avec Casablanca. Malheureusement aussi, Florence Marly est très loin d’avoir l’aura d’Ingrid Bergman.
On pourra être aussi un peu agacé par le côté « nous, les bons américains, nous sommes là pour sauver la démocratie », démocratie menacée par une organisation qui tente de réintroduire au Japon des criminels de guerre.
Cela dit, la mise en scène et le montage sont assez élégants, Stuart Heisler est d’ailleurs un ancien monteur, et il y a quelques passages assez remarquables notamment l’élégance du premier flash-back : Joe (Humprey Bogart) écoute un disque où Trina (Florence Marly) chante la fameuse chanson emblématique de leur amour ; la caméra s’approche lentement du disque, le traverse et nous nous retrouvons dans la salle du bar où elle chante réellement. Un grand moment de cinéma !