Stupeur et tremblements

Sorti en juin dernier et passé totalement inaperçu en raison de l’avalanche des sorties de film en France, ‘Tokyo Shaking’ vaut pourtant le détour. Tokyo, le 11 mars 2011 : un tsunami ravage la côte du Japon, menaçant de détruire la centrale de Fukushima. Alexandra, qui travaille depuis peu pour une banque française à Tokyo, se retrouve au cœur de cette crise. Tiraillée entre les ordres de sa direction et la volonté de protéger sa famille et ses collaborateurs, Alexandra tente de composer avec la situation et se retrouve, presque malgré elle, à défendre une certaine idée de l’honneur.

Ça n’est pas tous les jours que l’on voit un film français se déroulant dans une grande entreprise pour en aborder les thématiques. On le sait que les catastrophes (naturelles ou pas) et les crises sont parfois révélateur de personnes héroïques et de personnes plus lâches. Le tsunami japonais de 2011 est donc l’évènement idéale pour évoquer l’entreprise, la hiérarchie, le comportement des salariés. Alexandra sera face à un vrai dilemme. Doit-elle quitter Tokyo avec ses enfants ou doit-elle rester s’occuper de ses salariés ? Elle déplace des montagnes pour aider ses collaborateurs dans le flou qui a suivi la catastrophe et le peu de soutien de sa hiérarchie.

Karin Viard, qui n’est pas une actrice dont je raffole car elle en fait souvent trop, est étonnamment sobre et très juste. Elle est décidée, droite, hésitante, déroutée et elle livre une performance très convaincante. Elle est secondée par une jeune acteur Stéphane Bak, excellent lui-aussi. Un bémol question casting : Philippe Uchan. Cet acteur, habitué des seconds rôles comiques chez Albert Dupontel par exemple, livre ici une performance extrêmement clownesque qui ne va pas du tout avec l’esprit du film.

Le film a été réalisé avec un budget moindre (en tout cas, pour un film autour d’une catastrophe naturelle). Le principal de la catastrophe sera montrée par les images de télévisions. Les seuls effets sont les secousses. Cela sert le film. Il est d’une sobriété et ne croule pas sous les effets. La seule vraie fausse note du film est qu’il se voudrait être une critique de la gestion de cette crise et l’attitude des entreprises françaises qui était établie au Japon. Le film commence d’ailleurs par le fameux air ‘Tout va très bien, Madame la Marquise’. Le metteur en scène ridiculise un peu trop le personnage du patron, d’où ma remarque ci-dessus à propos de la performance d’Uchan qui joue ce rôle. Ce côté satirique s’insère mal dans le reste du film, qui est indéniablement intéressant.