Japon, années 2000 - un père de famille perd son emploi.
Le licenciement, pris pour point de départ du film, ouvre la voie à une représentation sincère et authentique de la société japonaise. On y retrouve tout d'abord l'importance de la reconnaissance sociale de l'individu, déterminée par sa position au sein du monde du travail. Le père,ex directeur d'une grande entreprise, rechigne naturellement à occuper un poste subalterne. Sur ce point, un salarié d'une culture occidentale agirait probablement de manière identique. En revanche, spécifité de la mentalité asiatique (japonaise et chinoise surtout), l'homme, qui assoit grandement son autorité familiale en se fondant sur sa position dans le monde du travail, éprouve une honte beaucoup plus profonde à devenir chômeur. Ces sentiments de honte et de déshonneur font partie des fondements culturels de la société japonaise et sont intériorisés par les habitants de ce pays dès leur plus jeune âge. De plus, la persistance du clivage homme/femme est très largement mise en lumière dans ce film. La honte et le déshonneur donnent lieu au refus du père d'avouer cet événement. Il cache sa situation à tous pour ne pas perdre son autorité et l'estime que sa famille lui porte. La femme, quant-à-elle, obéit et se tait. Elle ne s'oppose même pas à son fils lorsque celui-ci lui apprend sa décision de s'engager dans l'armée américaine. Seule lueur d'espoir dans ce naufrage délirant, l'art rappelle à tous que la vie peut être triste et belle à la fois. La scène qui clôt le film est sublime. Le cadet y joue une sonate déchirante. La musique vient briser le silence et exprime de manière encore plus forte toutes les émotions étouffées, les mots retenus.
Ce film joue sur un tableau que j'apprécie beaucoup : le drame pudique. Les membres de la famille ne communiquent pas verbalement. Ils semblent vivre non plus les uns avec les autres mais les uns aux côtés des autres. Le silence et la pudeur sont de mises. Bienvenue dans le monde des ressentis. Alors, devant un tel constat, j'aurais théoriquement dû être conquise.
Cependant, la multiplication de scènes non crédibles en fin de film et la volonté d'en rajouter dans la surexposition physique de la détresse des personnages coupe tout élan de sympathie et de plaisir à voir ce film. Et, on en arrive à se dire : mais c'est ridicule ! Et, je n'apprends rien à personne quand je dis que, quand cette phrase nous vient à l'esprit (sans être accompagnée d'un rire franc), c'est le signe d'un film raté. Vive déception !