Au sortir de deux films sur le nucléaire, voilà que Sono Sion remet le couvert avec un Tokyo post-apo où les citadins ont régressés sous les effets de la radioactivité. Comme ci tout le monde se mettait à rapper, à faire du Hip-Hop et à débiter des freestyles d’egotrip pour exister. La capitale est devenu un vaste ghetto de couleurs flashy et d’excentricités, un microcosme de ravagés contrôlés par des gangs qui veulent s’entre déchirer pour un simple concours de beats. Le seul semblant d’ordre dans cette anarchie, c’est la réalisation aux petits oignons, nanti d’un budget bien plus confort que son tournage façon guérilla, puisque ce sont les acteurs pour la plupart amateur qui se sont doubler dans les scènes de combats au risque de se tuer pour de vrai. Le récit à tendance à partir dans tous les sens, à conjuguer les digressions visuels et sonores ainsi que les ruptures de ton en nous vrillant les tympans avec son tintamarre bordélique comme les boum-boum d’une caisse de résonance.


Sans contrefaçon, Sion déchaîne son flow à la sono dans une démonstration de force d’une technicité renversante à l’image de son plan séquence inaugurale qui lance le bal des festivités, des flash-mob de gang tokyoïte au look hétéroclites, des gangsters qui se répondent de concert dans la frénésie guerrière. Les coups vont pleuvoir entre les quatre clans de la mégalopole qui veulent se tailler la part du lion. Les invectives et les échauffourées vont mener à un chaos musical et sanglant où les truands se font déchiqueter par un broyeur géant. Derrière tout ce ramdam hystérique, il y a quand même un message de paix et d’unité soulevé par l’un des rares queutards équilibrés mais globalement c’est une réunion de mâles alpha qui voudraient bien comparer leurs attributs car tout ça n’est qu’une bête histoire de chibre démesuré, une course à l’échalote entre étalons qui se montent le bourrichon. Le plus amusant étant de ne pas voir une seule bite dans un film qui ne parle d’ailleurs que de ça, Sono Sion aurait-il ravalait ses couilles au cours de la post-production ?


Tokyo Tribe impose son tempo quitte à épuiser son auditoire avec son répertoire assorti d’une rythmique en deuspi qui en laissera plus d’un sur le carreau, parce que Sion n’est pas homme à faire dans la demi-mesure et c’est là sa plus grande qualité, quitte à flirter allègrement avec le naveton, à verser dans le graveleux bien heavy à grand renfort de samurai sur des tank de combat, de bombasses dénudées, d’esclaves sexuels servant de mobilier, de flingues dorés et de bling-bling assumé. En outre, ceux qui vouent un culte à la vulgarité devraient certainement apprécier, il y a des « fuck you » à tout bout de champ, des aigrefins qui veulent sortir de la hess avec le couteau dans les dents, prêt à mener la révolution sociale au katana. Pour les autres, on aura du mal à les réconcilier avec le milieu contre-culturel et provocateur des zoulous de la banlieue. Je vous dit ça, mais je suis loin d’être un adepte du moove même si j’ai adoré le groove. On en ressort sonné, étourdi comme par l’effet d’une d’essoreuse à décibels. C’est un rollercoaster musical transgressif qui propage un florilège discontinue de conneries et de grossièretés sans aucune convenance mais avec une certaine forme de raffinement trash et psychédélique même si ça ne plaira pas aux intellectuelles et petites natures des cahiers du cinéma.


Plus on est de fous, plus on rit. Sur l’Écran Barge, tu trouveras toute une liste de critiques de films complètement DIN-GUES !

Le-Roy-du-Bis
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le 24 mai 2024

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