Un Tokyo ghetto-youth. Une grand-mère platine à la platine qui balance un gros son qui tartine. Un traveling sur un dos d'une veste affublé avec une tête capuchée. Puis... cette dernière qui lâche un putain de freestyle asiatique !
Un riz-style ? "Mdr" ! Bref, une entrée en matière qui expose le décor d'une remarquable manière.
Le freestyle est fou. Très technique avec ses rimes multi-syllabiques et son flow dynamique, le personnage de Sono annonce encore une fois un "dingue" de film annuel, presque conceptuel, une comédie musicale rappée de taré.
Or, si le début démarre de la meilleure manière au point de nous baffer, le problème c'est que ça ne s'arrêtera jamais. En effet, rien que sur le plan musical et sa conception, on restera sur de la description et de la présentation. Les semblants de freestyles s'enchaînent à base d'égotrip, égotrip façonné suivant la tribu, pour savoir qui a le plus gros des gros chibres. Et du coup, le côté comédie musicale fait qu'on passe énormément de temps sur des choses anodines, le temps de prestations où ça kick sec sans que ça patine, pendant que le fond cruellement cabotine.
Alors qu'un son suffisait à placer le décor, ici il faudra une heure, en partie jetable, pour faire un tour de table. C'est interminable et d'autant plus dommage sachant qu'un parallélisme de ces différentes tribus en furie avec un montage adéquat aurait suffit. Faire en sorte que ces clans se répondent aurait permis de rendre cet immense clip plus fluide et aurait fait avancer le truc comme il se doit, je crois.
Malheureusement quand l'action démarre, c'est déjà trop tard. Au début la musique : ça tuait. Mais là elle n'apporte plus grand-chose et nous fait saturer. Malgré le côté badass avec ses tanks en 3D et ses personnages édulcorés mais cependant bien dosés, le film manque de fond. Comme un freestyle au fond. L'excès permanent de Sion Sono fait rire, rend la chose à mi-chemin entre grandiloquent et grandiose, et fait toujours passer la pilule, mais ça reste du forcing qui reste au mieux «divertissant», un spectacle uniquement formel, un quelconque mais jolie bidule.
On notera une baston en plan séquence jouissive avec une nympho', qui donne envie de dire merci, mais dont la raison d'exister reste aussi mystérieuse que les enjeux du récit. Serait-ce uniquement pour ce final épique digne de Why don't play in hell et son fameux message de paix adressé à la jeunesse qu'il a fait tout ce bordel ?
Si c'est toujours plein de bonnes attentions, cela reste néanmoins comme à son habitude toujours brouillon et débordant de partout d'idées mais sans pour autant être totalement maîtrisé. Si Sion Sono est indéniablement intelligent et marrant, il est certainement capable de faire bien plus abouti. Mais pour ça il faut vraiment qu'il arrête son délire de sortir 14 films par an.