Après l'excellent Why don't you Play in Hell ?, Sion Sono revient avec une comédie musicale urbaine tout à fait folle, adaptée du manga de Santa Inoue.
Ravagée par la criminalité et les rivalités entre gangs, Tokyo la Grande devient un immense cirque à ciel ouvert, où vont s'affronter les pires malfrats que le futur nous réserve. Nous découvriront petit à petit un panel de personnages tous plus farfelus les uns que les autres : Mera, le yakuza narcissique ; Bubba, le parrain pervers ou encore Niko, son fils dominateur qui collectionne des gens pour en faire des meubles... L'intrigue de l'histoire repose en particulier sur l'antagonisme entre Kai (le héros) et son ancien ami Mera, bien décidé à lui faire la peau. Un mystère plane également sur Sunmi, une mystérieuse jeune fille ultra-douée en arts martiaux, que tout le monde semble vouloir attraper.
Du côté technique, rien à dire : un parfait jonglage entre plans-séquence flottants et montage "cut" énergique, procédés qui vont nous faire passer des phases "narratives" aux phases d'action tout en douceur, sans jamais choquer le regard. De plus, l'univers coloré tokyoïte est magnifiquement retranscrit et la photographie clinquante est là pour appuyer l'identité "clip de rap" du film. Un savant mélange de dérision, d'action et de chorégraphies va être présent tout au long du métrage ; permettant au spectateur de ne jamais s'ennuyer et de prendre entièrement part au jeu de Sono. Ce dernier va nous transporter (sans forcément nous surprendre) sur sa boule de neige dévalant une pente de spontanéité, spontanéité contrôlée, sachant où et comment elle va.
Un seul bémol tout de même : malgré l'intensité du film, les performances des rappeurs sont un peu décevantes (les textes sont parfois trop simplistes, le flow n'est pas toujours réellement maîtrisé... les comédiens manquent de punch pour que ça claque vraiment).
Pour conclure, je tiens à préciser que Tokyo Tribe réunit quasiment tout ce que j'aime : des plans audacieux, un humour complètement déjanté et insolent, des personnages hauts en couleur, du rap, du kung-fu, des références à foison, de la japan-culture (en veux-tu ? en voilà !) et un scénario tout à fait dérangé. Il est donc possible que mon objectivité fût quelque peu faussée devant un tel monstre audiovisuel.
Et je m'en moque.