Un film à la forme désagrégée, qui part dans toutes les directions et qui ne mène nulle part en définitive. Sono Sion poursuit sa quête d'un art libre et décomplexé, proposant effectivement quelques très belles idées voire même quelques éclats cinématographiques, mais ne parvient jamais à parachever son métrage. Ainsi Tokyo Tribe fait surtout penser à une succession de clip musicaux scotchés les uns aux autres, long flow à travers lequel des personnages-rappeurs déblatèrent d'incessants lieux communs en plus de s'enfoncer encore et toujours plus loin dans la vulgarité gratuite.
Sur le plan scénaristique le film est d'une pauvreté fortement regrettable : Tokyo Tribe n'est que le strict récit d'une vague et laborieuse guerre de gangs dans la ville tokyoïte, ni plus ni moins. Hormis la direction artistique effectivement assez impressionnante Sono Sion n'étoffe rien, ne développe rien : ni les personnages, ni les enjeux narratifs ni même la mise en scène. Approximative, en roue-libre pour ainsi dire la réalisation de Tokyo Tribe tourne en rond, cultivant l'esthétique du chaos avec une fâcheuse complaisance... S'étalant sur près de deux heures ce laïus se résume surtout à celui qui, de toute la clique, aura le plus gros beat : c'est lourd, superficiel, débile et très très creux !
Bref l'un des films les plus bâclés de l'Oeuvre irrégulière de Sono Sion, répétitif et lassant plus qu'autre chose. L'utilisation du répertoire classique ( notamment du côté du grand Haendel ) vire pratiquement à la caricature, sorte de parodie grotesque de Sion par Sono. Dans le genre foutraque Why don't you play in Hell ? était davantage maîtrisé et beaucoup plus intéressant dans ce qu'il évoquait chez le spectateur. Trip furax complètement raboteux Tokyo Tribe est donc un ratage implacable, et forcément décevant.