Les biopics sont un genre particulièrement à la mode en ce moment et le succès planétaire de « Bohemian Rhapsody » ne va certainement pas ralentir la cadence des sorties de ce type de projets. Et en voilà encore un nouvel avatar que l’on n’attendait pas forcément, c’est celui sur l’auteur du « Seigneur des anneaux ». Pour qu’un tel projet soit un minimum intéressant, il faudrait donc que la vie de la personne visée soit palpitante, intéressante et pleine d’événements au potentiel évident sur grand écran. En gros, tout le contraire de ce « Tolkien ». De deux choses l’une : soit les producteurs se sont fourvoyés en pensant que le seul nom du créateur de l’une des sagas littéraires les plus mythiques allait attirer le spectateur, soit les scénaristes n’ont pas su retirer l’intérêt substantiel qu’il y avait dans la vie de l’écrivain. Car le résultat est d’un trivial à toute épreuve et nous ennuie profondément.
Le film suit à la lettre tous les codes d’une biographie portée à l’écran sans jamais s’en détourner d’un iota, et donc tenter de nous surprendre un tant soit peu. Pour essayer de casser la monotonie évidente du script, le montage fait des aller et retours entre la jeunesse de Tolkien et son expérience dans les tranchées lors de la Première Guerre Mondiale. Mais ce n’est que de la poudre aux yeux. On légitime ici ces séquences de guerre comme l’inspiration première de l’auteur pour ces romans mais ces passages sont maladroits et trop répétitifs. Quant à sa jeunesse entre la campagne anglaise et ses études à Oxford, elle est exposée ici d’une manière si linéaire et sans aucune once d’originalité qu’il est difficile de se passionner pour la vie de ce monsieur. Et tout est tellement plat et sans surprise qu’on finit par vite décrocher de ce qui se passe à l’écran. La manière dont lui est venue l’idée de son chef-d’œuvre littéraire reste floue et sa passion pour les langues est traitée de façon trop superficielle. Dommage les quelques scènes avec Derek Jacobi en professeur de langues sont peut-être les plus pertinentes.
On doit reconnaître à Dome Karukoski une réalisation léchée et plutôt agréable mais cet emballage s’avère au service d’un contenu si vain que l’ennui pointe très vite. Nicholas Hoult ne semble pas à la hauteur du rôle et se révèle un peu fade tout comme Lily Collins, pas plus mémorable dans son rôle et tout aussi transparente. Les deux acteurs livrent une prestation fade qui n’arrange pas la perception que l’on a de leur histoire d’amour bien peu palpitante. A un moment, il faut se rendre à l’évidence, « Tolkien » relève de la fausse bonne idée. En effet le matériau de base est bien trop léger pour en faire un film ou alors l’angle choisi et son traitement sont mauvais. Las et en dépit de deux ou trois bonnes scènes, tout cela est bien trop aseptisé, gentillet et lancinant pour nous captiver. Un film anodin et complètement dispensable.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.