Champ de blé, chant de couteaux ...
Tom, un jeune homme blond se rend aux funérailles de son amant, 25 ans, mort dans un accident de la route, on ne sait comment ni où ni à quelle heure.
Mais qui est mort ? Du secret en question, de question en non-réponse, de non-réponse en mensonge, on se perd dans les affres d'un hurlant silence dans lequel personne ne sait ce que sait l'autre.
S'il s'agit d'un film sur le deuil, la tristesse qui n'a plus de nom, plus de sens, sur la folie, le rejet d'un soi tellement insupportable qu'on en rejette les autres, on les aime d'une haine démesurée, on lutte contre soi. On entraîne, dans les griffes douces amères de la perversion avec un sadisme sans mesure, ce que l'on hait de soi chez l'autre.
Le huis-clos se referme sur les croyances, les envies, les désirs, les refoulements.
On voit peu à peu se dessiner les barreaux invisibles de la prison de la perversion.
Après le vertige de l'ivresse perverse, au seuil de la révélation mais sans jamais rien en dire, Tom se sauve, sauve sa vie, sa jeune vie, pour renaître et vivre à nouveau.
Le génie du film repose sur la juste dose d'anxiogène qui ne fait que flirter avec le méphitique. Rien ne tombe jamais dans le sordide, cela reste juste là où il faut, suffisamment pour sentir que le plus important pour ne pas sombrer dans la folie et pour grandir est d'introjecter la Loi, la Loi du père (mort lui aussi), la Loi des Hommes, celle qui empêche de passer à l'acte, même si elle n'empêche pas de ne pas révéler le secret.
Au fur et à mesure que j'écris, je sens bien que les mots sont insuffisants et réducteurs, parce que c'est exactement cela que fait l'emprise, elle empêche de penser, elle empêche de créer et elle tient dans ses fers la créativité.
Et même si le film est pesant, il me semble qu'il s'agit là d'un excellent long métrage et je vous souhaite quoi qu'il en soit une très bonne séance !