Si le blouson en cuir, la moustache et autres accessoires semblent refléter les poncifs d'une certaine iconographie gay, la faute ne doit pas retomber sur Tom of Finland, qui en fut en quelque sorte l'inventeur avec son travail de dessinateur surdoué. Le personnage méritait bien un film, lui qui fut un héros de la guerre puis se retrouva au placard en Finlande, obligé de vivre sa sexualité dans la clandestinité. Avant d'être adoubé et célébré par la communauté homosexuelle californienne. A raison, le film de Dome Karukoski se focalise principalement sur ses années les plus difficiles, dans une lumière sombre qui évoque les films d'espionnages de la guerre froide. Le cinéaste, dont on n'a vu en France que Fruit défendu et Very cold Trip, sait toujours adapter sa forme aux sujets qu'il traite, sans ostentation ni prise de risque démesuré mais avec justesse. Relativement linéaire, avec quelques flashbacks et de menues poussées oniriques, il se démarque malgré tout des biopics traditionnels, refusant les scènes les plus "obligatoires" (dans les pires années de Sida, par exemple), conservant en toutes circonstances une pudeur de bon aloi. La plus grande réussite du film réside d'ailleurs dans les relations compliquées, aimantes mais contrariées, entre Tom of Finland et sa soeur. Malgré le problème récurrent du vieillissement au cinéma, le passage des années se vit sans à-coups dans une narration plutôt fluide. Pekka Strang incarne avec une grande sensibilité cette icône malgré lui, artiste d'un genre particulier mais d'un talent éclatant.