Tom of Finland a un peu l'aspect d'un film qu'on s'est attaché à rendre grand public alors que son thème même s'y oppose : la création d'un univers homo-érotique explicite et viril voué à la postérité, par Touko Laaksonen, un dessinateur de publicité finlandais.
Il a donc tout d'un biopic agréable, enrichissant, parfois poétique et léger, tendre, réussissant à aborder des thèmes graves sans dramatisation excessive. C'est sans doute le parti-pris de cette forme traditionnelle de biopic - quelques ruptures chronologiques, peu de digressions sur les personnages secondaires - qui fait que le film n'ose pas (ou refuse de ?) s'aventurer trop sur certains thèmes, à peine évoqués : la créature échappant à son créateur (avec la surprise de Tom découvrant sa popularité en Californie), et l'uniformisation de soi dans un univers de fantasmes communs, espace dont l'ambivalence, entre refuge et ghetto pourrait être plus qu'effleuré ; le personnage complexe de la soeur (admirative du talent de son frère mais dégoûtée de l'utilisation de celui-ci ; qui sacrifie un amour naissant et, peut-être, sa vie et ses capacités personnelles - nous ne le saurons pas) ; enfin, la place de l'art, dont les réflexions sur la valeur, esthétique ou morale, émaillent le film, sont minées par des clichés de l'artiste-démiurge saisissant son crayon sous la pression de l'inspiration subite, ou de la soudaine prise de confiance en soi.
Toutefois, la mise en relief du travail de subversion de la force opprimante, par le biais de la représentation du désir (du flic opprimant des lieux de drague finlandais au Kake désirant et désirable des dessins de Tom) est un thème porteur et fort, qui fait plaisir à voir.