Même les si progressistes pays du Nord ont connu leurs heures sombres en matière de discriminations. L'histoire de ce dessinateur spécialisé dans les scènes torrides exclusivement masculines a le mérite de mettre en lumière la médiocrité crasse des intolérants de tous poils. Dès que certaines personnes sentent qu'elles peuvent légitimement exprimer leur mépris, en toute impunité, elles dévoilent les trésors d'abjection que leur esprit simpliste recèle. En fait, ce film est en creux le portrait d'une certaine forme de débilité, que ce soit grâce à ce personnage de traducteur d'ambassade versé dans la délation ou de ce policier allemand nostalgique des camps de concentration. La charge est sévère mais le grand escogriffe aux yeux doux qui porte le film sur ses épaules bardées de cuir subit avec suffisamment de dignité pour ne pas nous laisser mijoter la ratte en permanence et donner au film un petit côté fabuleux, comme si Amélie Poulain dealait des jeux de cartes pornos à la sortie de l'église le dimanche matin. Le tout finit dans une Californie tentée par le repli conservateur dans les années 80, à l'apparition du SIDA, mais la description de la contre-attaque d'une communauté gay espiègle et déterminée à militer pour son droit au bonheur mérite à elle-seule le détour, comme si la fine équipe de losers de The Full Monty se mettait à placarder son anatomie sur les murs en face des écoles primaires. Bref, quelques moments bien festifs mais aussi des drames intimes causés par la folle injustice qui fait bander les neuneus... bien, quoi.