C’est super de pouvoir s’écrier « Yamatai » lorsqu’on fait du shopping

Hormis cette blague douteuse, une plutôt bonne surprise. Les puristes de l’ancienne Lara Croft continueront à gesticuler pour rien, disant qu’Alicia Vikander n’est en rien comparable à la « vraie » Croft bla-bla-bla. Et effectivement, possédant un physique bien plus naturelle et bien moins plantureux qu’Angelina Jolie, le charme de la jeune Suédoise opère très rapidement, possédant dans son jeu et son regard la naïveté de la Lara du reboot de 2013. Et puis rappelez vous, la « vraie » Lara Croft avait une poitrine triangulaire, tout de même ...

Bref ! Pour parler de l’histoire, les joueurs ne manqueront pas de remarquer qu’hormis l’histoire (abrégé et répété deux fois) de l’île de Yamatai et sa reine Solaire, ainsi que de la présence (un peu superficielle) de Mathias Vogel (par un Walter Goggins un brin cabotin), le jeu est à peine survolé. Dans les grandes lignes du film, Lara part donc seule (du moins avec un marin sympathique, mais un poil porté sur la boisson) vers l’Ile avec l’espoir peut être un peu fou de retrouver son père. On s’épargne donc la dizaine de passagers de l’expédition sur l’Endurance du jeu-vidéo. Ça fait moins de personnes à l’écran, peut-on dire.

Comme dans le jeu, Lara est donc loin d’être une aventurière, ne possédant alors que l’instinct de son père pour résoudre quelques puzzles. Par conséquent, le moment crucial, c’est bien évidemment la première confrontation avec le monde hostile et surtout le premier meurtre. Bien moins hardcore que le jeu, le film parvient pourtant à apposer une émotion brutale sur cette scène dans laquelle Lara noie son adversaire, une scène longue et intense, instaurant ainsi le changement de Lara Croft en Tomb Raider.

On retiendra de cette adaptation une fidélité relative, mais bien proportionné, au jeu, permettant à quelqu’un n’ayant jamais eu la manette dans les mains de tout comprendre. Mais les joueurs seront peut être déçu de ce côté presque tout public, retirant de facto toute la cruauté et la violence psychologique et physique dont est victime Lara au cours de son aventure, la confrontant dans le jeu notamment à la mort successive de nombreux de ses amis. Même si d’autres scènes émotionnelles plutôt réussi viendront parsemer le long métrage, le sentiment que tout va parfois trop vite (Lara choqué par son premier meurtre qui dégomme tout le camp le lendemain à coup de tir à l’arc... oui, comme dans le jeu, mais le jeu étant beaucoup plus dense et long, Lara a le temps de se développer et de se confronter à ce nouveau monde de violence) fait que l’on reste tout de même un peu sur sa faim ...

L’on retiendra des plans sublimes, des cascades mouvementées joliment mise en images, une Lara Croft bien plus vraie et authentique, une Kristin Scott Thomas qui ne semble plus vieillir et un caméo improbable du géniallisime Nick Frost.

Mais surtout, ce que l’on peut retenir de bien plus important, c’est le respect semblant un peu plus grand de l’industrie cinématographique envers les adaptations de jeux-vidéos. Trop souvent nanardesque sur bien des aspects, voilà quelques années qu’à défauts d’avoir des chefs-d’œuvres, nous avons au moins le mérite d’avoir des réalisateurs prenant l’industrie vidéo ludique avec beaucoup plus de sérieux qu’auparavant.

Pour le reste, est-ce que la suite des aventures de Tomb Raider sera toujours dans ce vent tout public ou un poil plus sombre pour se rapprocher des jeux ? On ne peut être sûr de rien. Mais si, au moins, le film continue de respecter la licence, nous pourrons au moins nous dire que c’est déjà ça.