Lara Soft
Les adaptations de jeux vidéo font rarement bonne figure au cinéma, décevant les attentes des joueurs sans convaincre en contrepartie les cinéphiles. Tomb Raider s’était déjà cassé les dents il y a...
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le 21 mars 2018
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Quoi que l'on pense de sa qualité approximative, ce reboot de Tomb Raider a ceci de particulier qu'il est sûrement l'une des adaptations les plus fidèles qui soient à un jeu vidéo, au point même d'en prendre les qualités et les faiblesses. Adaptation de la version reboot next gen de 2013, le film de Roar Uthaug, illustre inconnu réalisateur d'oeuvres méconnues quand elles ne sont pas médiocres, garde une partie du spectaculaire intense du jeu d'origine (l'ultra violence en moins) sans perdre l'idiotie de l'intrigue originale.
Basé sur un postulat absolument débile, Tomb Raider nous dévoile donc une Lara Croft aux origines de ses aventures, qui passera de la faiblesse à la badasserie avec une facilité déconcertante. Et si les nostalgiques regretteront le physique avantageux d'Angelina, les fans du reboot auront de quoi se satisfaire avec Alicia Vikander, petite tête suédoise commençant à faire son petit bout de chemin au sein de la grande route des franchises américaines (Tomb Raider, Jason Bourne, Man from U.N.C.L.E.).
Et si tous les twists seront prévisibles, l'on expliquera avec difficulté le comportement étrange de certains personnages; notamment le fait que Walton Goggins, comme à son habitude grand méchant de l'histoire, fait tout ce qu'il ne faut pas faire quand on est le bad guy en chef, ne ratant jamais l'occasion de respecter tous les clichés américains faisant parti du cahier des charges à respecter pour être l'antagoniste traditionnel et classique.
Surjouant à mort, il donne la réplique à un certain Daniel Wu (déjà croisé dans Warcraft, Tai Chi Hero,...) qui s'incruste lui aussi dans le cinéma de franchises américaines, interprétant le cliché même du personnage alcoolique qui ne subit pas les manques de sa drogue lorsqu'il est prisonnier dans la forêt, n'ayant d'autre problème avec la biture que celui de boire pour être un tant soit peu sombre et badass.
Ne citons pas Dominic West, qui s'il était bon à jouer les traîtres spartiates et autres général romain, prouve ici qu'il n'était guère le bon choix pour donner vie au père de Lara Croft, autre stéréotype ambulant, cette fois-ci du vieux Robinson Crusoé noble au point de préférer rester sur l'île que de mettre la vie de sa fille en danger.
Mais voyez-vous, il est quelque chose qui me dérange dans tous ces lieux communs. Parce qu'au final, Tomb Raider fait plus américain que la plupart des films américains; s'en est presque surréaliste de voir un film réalisé par un norvégien, avec une suédoise, un chinois et un britannique en trio des héros, épouser à ce point les codes ancestraux du film d'action bourrin, simpliste et simplet, reposant toujours sur les mêmes ressorts sans jamais chercher à les modifier un poil.
M'est avis que l'on y tient une volonté pour un réalisateur peu connu du grand public de se faire apprécier des masses américaines en leur recrachant l'influence de ce cinéma qu'ils ont fait perdurer plus de trente ans durant. Vas y que la psychologie de mes personnages ne tient que sur deux phrases, que mes gunfights n'ont pas besoin de moments de rechargement, et que ma super-héroïne vole, tombe, se fait tirer dessus sans jamais s’essouffler, sans que ne se déclare aucune hémorragie interne, entraînant sa mort dans d'atroces souffrances.
D'autant plus que l'on sent que le film n'est pas mis en image par un faiseur américain; il y a ceci de particulier dans le timbre de l'image, dans le rythme du montage et les décisions de cadrage qui, s'ils ne démontrent pas le talent cinématographique du siècle, font cependant preuve d'une certaine fraîcheur visuelle dans le paysage ultra-formaté des blockbusters festivaliers.
Mais bien plus qu'une volonté de se faire connaître du grand public, l'on y tient surtout la preuve que les studios de production continuant d'être ce qu'ils sont et ont toujours été, dénichent des Yes Man par delà les frontières de l'Amérique, appliquant le concept de mondialisation au point de saper tout ce qui fait la richesse de l'art d'un autre pays, en le fondant dans les codes ultra restreints et suffocants d'un genre cinématographique qui jette ses dernières cartes.
Tout comme le jeu de base, Tomb Raider multiplie les clichés pour respecter le cahier des charges des films d'action (de ce point de vue, il est impossible de lui reprocher d'être fidèle au jeu), allant même au delà en nous proposant une seconde partie certes incohérente et foirée dans son montage (les dalles du sol qui s'écroulent à l'infinie, à tout hasard), mais d'autant plus intéressante qu'elle renvoie au bon vieux temps des Indiana Jones, Allan Quatermain et autres Lara Croft sur PS1.
Le problème du film tient donc au fait qu'il est trop proche du jeu, si ce n'est qu'il lui manque la maestria visuelle. L'on y retrouve l'action, le fantastique, les délires scénaristiques et mystiques sans queue ni tête n'étant la preuve que d'un égo-trip sous une montagne de cocaïne. Cela commence normalement, pour toujours plus partir dans le paranormal et le divin jusqu'à cette conclusion what the fuck, explosive et terriblement comique. Médiocre mais plaisant, un bon divertissement qui ne fera pas date.
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Créée
le 25 juil. 2018
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