Tu ne m'oublieras pas

Rare de voir des réalisateurs aussi jeunes conduire ce genre de projets, mais au vu du résultat, il y a plutôt de quoi s'en réjouir. Vingt-quatre ans : Nathan Ambrosioni a toute la vie pour gommer quelques faiblesses et donner plus de corps à un récit ne manquant pas de belles idées. Certaines ne sont clairement pas assez exploitées : le passé de « chanteuse » de l'héroïne occupe une place trop discrète dans l'intrigue alors qu'il y avait là matière à raconter sur ces vedettes d'un tube disparues ensuite de la circulation.

Léger manque de subtilité également dans l'écriture des enfants, parfois pas loin des stéréotypes, parfois agaçants mais néanmoins plutôt sympathiques et ayant au moins le grand mérite de ressembler à des jeunes de leur âge, offrant quelques scènes vraiment drôles (le « coming out » raté de l'un d'eux en tête).

Mais évidemment, c'est le personnage de Toni (en hommage à Toni Collette, pour l'anecdote que personne ne me demandait!) qui retient toute l'attention et sur lequel le film se focalise presque intégralement. Certes, l'absence du père aurait pu être un peu plus abordée et la jeune femme n'a pas vraiment un « profil » à avoir cinq enfants, mais qu'importe. Pour le coup, on sent un vrai travail d'écriture pour rendre celle-ci complexe, forte, émouvante, imparfaite.

Sa vision de l'éducation, notamment, que j'aie trouvé très pertinente, reconnaissant ses maladresses sans jamais se mettre à « genoux » devant ses enfants : un équilibre réussi, son cheminement vers un avenir professionnel « ayant plus de sens » n'étant jamais traité avec facilité ou condescendance (bon, par contre, visiblement personne ne l'a prévenue que les personnes ayant trois enfants et plus sont dispensés de diplômes pour passer certains concours!).

S'affirmant de film en film comme l'une des meilleures actrices de sa génération, Camille Cottin trouve ici un de ses plus beaux rôles, le genre d'héroïnes du quotidien que l'on aimerait connaître, chose vraiment pas si courante sur grand écran. Loin d'être un grand film de cinéma, « Toni, en famille » brosse ainsi le portrait d'une femme moderne, en quête d'elle-même, nous allant droit au cœur : un second long-métrage prometteur.