Un gros monsieur (excellent Peter Simonischek) somme toute assez fin et les blagues lourdingues de ce mec hors du coup, mais assez décalées pour rendre risibles ceux qui, justement, sont dans le coup. C'est un drôle de drame, une comédie aigre douce, profonde et légère, qui raconte le fossé entre deux générations : celle des enfants des 30 glorieuses (le père), somme toute assez hédoniste et insouciante, et celle des consultants internationaux et autres businessmen de la mondialisation (affreusement sérieux, stressés et consommateurs). Le père, aimable blagueur, adepte entre autres du coussin péteur et autres farces et attrapes, court donc après sa fille (excellente Sandra Hüller), ou plutôt, cherche à retrouver un contact avec l'executive woman, missionnée à Bucarest pour régler le sort d'une exploitation pétrolière roumaine par une multinationale. Une fille blindée d'intelligence et de pensée stratégique, dont le père se demande comment elle vit, au fond. Les facéties du père sont de celles qui tombent lourdement à plat, il faut en convenir, et plus particulièrement dans le milieu sophistiqué des "maîtres du monde", mais il y met une constance, et finalement une finesse certaines, à dérégler le système en voulant rencontrer sa fille au gré de diverses péripéties. Avec en filigrane de la micro-société bucarestoise du business international, l'envers du décor, les autres, les ouvriers, les gens, les laissés pour compte. C'est à la fois intelligent, absurde, rafraîchissant et touchant. Avec un léger sentiment d'irréparable, car ainsi va la vie.