En 2011, Guillaume Brac avait surpris son petit monde (agréablement ou pas, selon les sensibilités) avec Un monde sans femmes, moyen métrage plein de légèreté et d’insouciance à velléités rohmeriennes. On y découvrait aussi un acteur épatant, Vincent Macaigne (vu aussi dans le foufou La fille du 14 juillet), avec une tête de gentil ahuri, regard de cocker et coupe de cheveux juste pas possible à base de perte capillaire et de décoiffage chaotique. Le duo infernal revient avec un long cette fois-ci dont l’intrigue paraît directement s’inspirer des paroles de Cœur de rocker, mais si, Cœur de rocker, la chanson de Julien Clerc quand celui-ci meugle à un moment : "De toutes les filles qui m’ont fait craquer, la seule que j’ai vraiment aimée, c’est celle qui m’a quitté, j’ai été bien embêté, hé hé hé".
Voilà : Tonnerre, ça parle exactement de ça. Maxime tombe amoureux de Mélodie qui finit par retourner avec son ex. Rocker au cœur tendre, Maxime va perdre pied face à cette soudaine rupture. Fini la drague nonchalante sur les plages de Normandie, et bonjour l’angoisse dans les paysages enneigés du Morvan. C’est entendu : Tonnerre ne changera clairement pas l’histoire du cinéma (mise en scène plan-plan, photographie terne, ambition zéro), et le film gagne en capital sympathie surtout grâce à ses interprètes (Macaigne et Bernard Menez en tête) et ses situations parfois tendrement comiques, parce qu’autrement, ça n’apporte quand même pas grand-chose d’emballant avec ce genre d’histoire déjà vu des milliards de fois et ici pas franchement renouvelée.
D’ailleurs, on ne comprend pas trop comment Maxime passe soudain du gentil romantique un peu gauche à celui de psychopathe de l’amour (peut-être une réaction vis-à-vis de son père qui, jadis, quitta sa mère pour une jeune fille en fleur ?). Certes, on ferait n’importe quoi par amour et il est toujours plus intéressant de ne rien expliciter pour laisser libre cours à l’imagination, sauf que la bascule sentimentale de Maxime arrive un peu comme un cheveu sur la soupe ; acte irraisonné et chambardement des émotions, on est d’accord, mais assez mal enclenchés dans la progression du récit. Tonnerre est davantage intéressant dans la description de cette tranche de vie tranquille et provinciale (un musicos retourne vivre quelque temps chez son père pour retrouver l’inspiration et tombe raide dingue d’une jolie locale), et dans ces petits détails du quotidien parfois touchants, parfois insolites, que dans ce faux suspens amoureux pas vraiment convaincant.