Récompensé en 2013 à La Réunion et à Bordeaux, Tonnerre est le premier long-métrage de Guillaume Brac, trois ans après son moyen-métrage Un monde sans femme, où apparaissait déjà le comédien Vincent Macaigne, ici en tête d'affiche.
D'une sensibilité à fleur de peau, Tonnerre alterne les tons avec un naturel assez déconcertant, passant du rire aux larmes et d'une ambiance légère à une autre plus tendue en un simple battement de cil. D'abord simple romance entre une adolescente et un vieux garçon trentenaire, Tonnerre se fait petit à petit plus pesant, prêt à virer au drame à la moindre occasion.
Dans un premier temps, l'histoire d'amour peut manquer de crédibilité, tellement l'on passe de temps à se demander ce que chacun trouve à l'autre. Un problème d'écriture, d'alchimie entre les deux acteurs, je ne sais pas, toujours est-il qu'il manque quelque chose à cet amour-là. Une âme, un vrai battement de coeur, des échanges passionnés, peut-être.
Mais à côté de cela, cet embryon d'amour permet à Tonnerre de marquer des points dans sa description de notre rapport à l'autre, de cet abandon total et schizophrène laissant apparaître le meilleur de nous-même... comme le pire. La jalousie, la paranoïa, la folie latente du personnage principal sont retranscrite à merveille et sont palpables à chaque plan.
On ne pourra à ce titre que saluer la performance constamment sur le fil de Vincent Macaigne, tour à tour touchant, attendrissant, flippant et puéril, mais toujours parfait. Sa relation avec son père incarné par un Bernard Menez transcendé, est également un des points forts du film, complexe et émouvante. Dommage qu'à côté, la jeune Solène Rigot paraisse bien fade, la faute sûrement à un rôle mal écrit et stéréotypé.
Imparfait car parfois trop conscient de ses effets et peinant à donner du corps à son histoire d'amour folle, Tonnerre est cependant un premier film prometteur et attachant, qui doit beaucoup à l'interprétation forte de Vincent Macaigne.