Tout commence par une intro bien mythique sur le Danger Zone de Kenny Loggins . En la redécouvrant, je n'ai pu m'empêcher de voir des mecs griller des saucisses à l'aide des réacteurs d'avions ou faire une chorégraphie digne d'un danseur étoile avec des panneaux de signalisation. Allez savoir pourquoi...
Des as du manche, des amitiés masculines jusque sous la douche, sourires Colga(y)te inclus, les marqueurs d'une époque, on ne peut palonnier. Après une telle poussée , on imagine facilement un after burné, pour peu que l'on n'ait pas décroché avant. Selon une théorie de Tarantino himself, Top Gun est l'un des meilleurs scénar d'Hollywood sur le combat d'un mec et de son homosexualité. Rien que ça. D'un point de vue plus personnel, cette redécouverte aura été l'occasion de contempler une nouvelle fois ce mal qui a longtemps rongé les acteurs de tous horizons, mais surtout américains. On appellera ça le syndrome du salami. Qu'est-ce que c'est ? C'est très simple: à un moment donné, nos deux tourtereaux (Cruise et McGillis ici, what did you expect ?) s'embrassent jusqu'à ce que l'un des deux nous gratifie d'un mouvement de tête anti-naturel et/ou d'une léchouille grossière, un peu comme cet instant où t'es en train de t'enfiler un sandwich bien garni et que tu tentes une manœuvre désespérée pour récupérer d'un coup de langue la tranche de salami qu'est en train de se faire la malle en loucedé.
Bref, revenons au film du regretté Tony Scott. Si le pitch est un grand classique de l'époque - encore que la norme en la matière n'a jamais été au personnage ultra prétentieux, fils de héros de guerre et accessoirement tête à claques insubordonnée sur qui l'on se demande un bon moment si l'on pourra compter, jusqu'à l'incident qui va faire naître le doute en lui (peut-on alors parler de «thrust issues» ?) - Top Gun a cette fois retenu mon attention sur un tout autre point: les séquences aériennes, qui sont assez impressionnantes, et magnifiquement filmées la plupart du temps, même (surtout ?) si on les compare aux standards actuels. Bon, on ne sait pas vraiment qui est l'ennemi ni pourquoi, mais le papa de True Romance est encore dans une phase epileptic-friendly et ça c'est très agréable. Face à un Maverick énigmatique (pour sa dulcinée tout du moins), qu'ils virevoltent ou qu'ils flanchent, nos héros aux coudées franches finissent par s'apparenter à des manches...à ballet aérien. Le gamin qui ne se lassait pas d'admirer le magnifique F-14 Tomcat – Macross et son VF-1 qui s'en inspire fortement a certes bien aidé - en avait eu pour l'argent de ses parents à l'époque. Il en a de nouveau eu pour son argent, bien qu'ayant grandi depuis.
La bande son n'est pas en reste, tellement mythique que certains morceaux reviendront régulièrement au cours de l'oeuvre (le Take My Breath Away chaque fois que le couple se retrouve, youpi !), à se demander si c'est le fait de la marteler qui l'a rendue aussi mémorable auprès du public, ou si elle présentait réellement un quelconque intérêt dans et/ou en dehors du film. Question acteurs, un beau casting, même s'ils sont à peu près tous à des milles nautiques de leurs meilleures compositions. James Tolkan et sa grande gueule sortent un peu du lot (ou bien est-ce le souvenir attendri de mon expérience sur Top Gun: Fire at Will sur 486 qui parle), tout comme Tom Skerritt et Michael Ironside. Anthony Edwards joue les Robin, à l'époque il avait des cheveux et une stache, ça change, même si sa ganache reste toujours aussi sympathique. Et que dire de Meg Ryan, aussi charmante que sa voix est agaçante. Harley Quinn, certes, mais il n'y a pas qu'elle. Clarence Gilyard Jr fait acte de présence, quelques années avant de devenir le sidekick du légendaire Cordell Walker. Val Kilmer est Iceman, jeune premier blond dont on imagine pas un instant qu'il endossera un jour le costume du Caped Crusader.
Que ce soit un concours du sourire le plus faux, de la réplique la plus cheesy, ou le coup de manche le plus géni(t)al (facile...) dans les airs, le soi-disant meilleur pilote de l'école fera tout pour humilier son brun ténébreux de compétiteur, jusqu'à ce que ce dernier ne le dégoûte en lui sauvant les miches à grand renfort de manœuvres improbables. L'homme des glaces devient alors bad man, fort et vert. Et puis il y a Cruise. Sans doute peu influent à l'époque - il suffit d'admirer bien plus récemment la scène assez drôle (malgré elle) de Jack Reacher, durant laquelle notre scientologue préféré entre dans un bar rempli de gens plus petits que lui, attestant de sa capacité actuelle à faire ce qu'il veut sur un plateau - il nous régalera donc cette fois d'un surjeu en adéquation avec le personnage arrogant qu'il incarne. Car c'est bien connu, quand on ne parvient à le Daumesdicker, Tom pousse...