Quel pied !
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Tom sourit, rigole, pilote, met ses lunettes de soleil, les retire, conduit sa moto, désobéit aux ordres, obéit quand même, joue torse nu sur la plage, remet ses lunettes, pleure un petit peu, et sourit. Oui, on est bien dans Top Gun, et on va causer Tom Cruise. Ce dernier inondant chaque scène de son dernier projet, avec sa bonne bouille de 60 ans, c’est franchement difficile de passer à côté.
La première sensation ressentie, et qui parcourt le film jusqu’au bout est le kiff. Pur, simple et bien préservé pour son âge, Tom le kiffeur nous fait kiffer. J’aime voir Tom Cruise à l’écran, mais à l’instar du bon vieux Clint dans Cry Macho, je sais que le compagnonnage n’est pas suffisant pour faire un (bon) film. Or, j’ai aimé ce nouveau Top Gun, sans enjeux, écriture originale ou personnage secondaire correct. Le kiff est ailleurs, et il n’a pas besoin de scénario, d’intrigue intelligente ou que Jennifer Connelly ait quoi que ce soit d’intéressant à dire en 2h10.
Mais c’est alors ce choix assumé de simplicité scénaristique qui m’a intéressé (non pas qu’il soit en lui-même louable). Ce film est justement puissant en tant qu’il échappe à son scénario, qu’il prend le temps de nous offrir des moments intenses de cinéma. Les séquences de combats aériens sont magistrales, et le découpage d’une clarté exemplaire, mettant à l’amende une bonne décennie de combats Marvel. La matérialité des jets, le visage éprouvé des acteurs et le sourire de Tom donne à ce film un rendu à la fois authentique, nostalgique et, au final, créateur de véritables émotions esthétiques. Ce goût pour la matérialité des scènes d’actions, qu’on retrouve notamment dans Mission Impossible, outre l’argument marketing (réussi apparemment), apporte un vrai vent de fraîcheur dans un espace cinématographique américain saturé de films de super héros bourrés de fonds verts.
Cette intensité est renforcée par un grand sentiment nostalgique qui parcourt le film à travers ses thèmes – la jeunesse perdue de Maverick, sa place dans le monde, celle de la salle de cinéma et du blockbuster hollywoodien à l’ancienne – son esthétique – beaucoup de plans repris du 1er Top Gun avec une inspiration directement tirée du cinéma américain des années 1980 – et même le corps de Tom, refusant toujours de vieillir et voulant comme revivre, avec nous, sa jeunesse.
Cet aspect me rend plus dubitatif. Quel type de spectateur produit ce film ? Qu’est-ce qu’on me demande de regarder ? Difficile de trancher, entre l’inconséquence du scénario, et la photographie toujours propagandiste de la licence. On est de fait mis dans une position d’accepter le mythe ; la légende Tom Cruise, le rêve américain, la clicheteuse romance. Si donner une coloration politique au film n’a que peu d’intérêt, il convient toutefois de noter que l’imaginaire, gentiment mythifiant développé ici renvoie, au mieux, à une totale indifférence par rapport au monde dans lequel on vit.
Enfin, je n’ai pas boudé mon plaisir, de même que le succès commercial de ce Top Gun Maverick fait plaisir, en particulier plaisir aux salles de cinéma, ce qui fait sûrement plaisir à Tom, qui sourit.
Créée
le 22 juin 2022
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