A l'heure où Hollywood ne semble plus savoir faire autre chose que sortir des concepts recyclés ou donner des suites interminables à des franchises à succès (tournant bien entendu autour du blockbuster), il était légitime de se demander comment et surtout, en quoi est-ce que Top Gun : Maverick pourrait sortir son épingle du jeu, sachant qu'il reprend un nom à succès (357 millions de dollars rapportés pour le premier film) et que son objectif premier est de ramener son public d'antan accompagné de leur propres enfants.

Et pourtant, la réponse était simple ; Jospeh Kosinski et son équipe.

Dans le projet en lui-même, il était évident que Top Gun : Maverick n'allait pas échapper à la nostalgie de son prédécesseur (le film ne s'adresse pas qu'à un public nouveau), raison pour laquelle ce dernier reprend la même scène d'ouverture. Mais très rapidement, le film change radicalement de visage en explorant le sujet de la modernité technologique dans l'aviation - servant surtout d'introduction au travail artistique soigné de Kosinski par le mélange habile de spectaculaire et de virtuosité (déjà initié dans Oblivion). Et c'est là que le projet trouve une certaine solidité : en dépit d'une bonne histoire, pourquoi ne pas simplement proposer une véritable performance de haut vol, en donnant au spectateur ce qu'il n'a encore jamais vu dans des scènes d'aviation. Kosinski s'approprie suffisamment bien le concept du premier film en lui insufflant sa vision personnelle en plus de lui donner un souffle nouveau en adaptant sa suite à la vision et les attentes spectatorielles du 21ème siècle. A partir de là, Top Gun : Maverick devient un film sachant parfaitement créer l'écart entre une part de nostalgie, dont il est bon de laisser les composantes dans les années 1980, et une part de modernité nécessaire.

Mais bien que cet écart entre nostalgie et modernité soit présent, le passage de flambeau n'est véritablement que symbolique car à aucun moment la figure de Maverick ne montre qu'elle est dépassée. En tant que tête d'affiche et en tant qu'un des derniers grands fossiles du cinéma hollywoodien, le constat est assez clair depuis les Mission : Impossible ; Le scénario va s'articuler autour de la capacité de cascadeur de l'extrême de Tom Cruise. Si dans l'ensemble, le processus fonctionne bien car il permet de créer de superbes chorégraphies aériennes, à force de trop vouloir l'utiliser, il en montre ses limites. Car si le film parvient à surprendre en déjouant les attentes du spectateur quant à son climax, il ne fait au final que donner une mauvaise alternative en déviant totalement de son sujet par le fait de jouer bêtement la carte de l'ersatz d'un Mission : Impossible afin que Tom Cruise fasse encore continuer le spectacle.

Néanmoins, Top Gun : Maverick est un film qui trouve sa réussite dans le fait de laisser parler le spectaculaire lui-même en réinventant sa manière de le montrer à l'écran. Un film qui sait s'adresser à son public en le renvoyant constamment à son âme de petit gamin qui s'émerveille devant ce qu'il voit.

Luca-hiersDuCinema
7

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Créée

le 12 avr. 2023

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