Fernandel joue un professeur de morale, nommé Topaze, dans une pension, où sa rigueur et sa droiture font l'admiration de tous, y compris d'une jeune collègue dont il est secrètement amoureux, qui profite de ses charmes pour avoir tout ce qu'il veut de sa part. Seulement, son père est le directeur de l'école, et face au refus de Topaze d'arranger en quelque sorte les notes d'un cancre dont la mère est très riche, celui-ci le licencie.
Topaze est alors engagé par un politicien véreux qui va en quelque sorte se servir de sa droiture pour arranger des marchés publics, ce qui va modifier la morale de l'ancien professeur.
Topaze est une œuvre chère à Marcel Pagnol ; c'était au départ une pièce de théatre datant de 1928 qui fut un énorme succès, et dont il y eut une première adaptation cinématographique en 1933. Mais Pagnol, pas satisfait de l'adaptation, en fit sa propre version en 1936, et toujours pas convaincu, il attendra 15 ans de plus pour signer en quelque sorte son propre remake avec Fernandel en tête, avec qui les relations vont être si tendues qu'ils vont se brouiller. Pourtant, je le trouve génial dans ce rôle, le moins marseillais dans l’œuvre du réalisateur, parlant le plus souvent à l'imparfait du subjonctif, où sa faconde fait des merveilles face à la pétulance de Jacqueline Pagnol, la jeune professeure, qui sait l'effet qu'elle provoque chez cet homme rigoureux au dernier degré.
Pourtant, je vois dans le film une grande part de cynisme de la part de Pagnol concernant la morale, celle qu'on s'érige, qui peut facilement vaciller face à l'arrivée d'argent facile, jusqu'à un coup de théatre final que je trouve presque subversif, tant les valeurs sont en fin de compte bafouées, mais c'est pour le bien du personnage. Qui d'ailleurs, vire son bouc et sa moustache pour devenir le Fernandel que nous connaissons. Outre les deux acteurs, on retrouve Marcel Vallée et Pierre Larquay, respectivement le proviseur et l'ami prof de Topaze, qui reprennent leurs rôles, 18 ans plus tard, du film de 1933, et que je trouve excellents dans la veulerie, le côté faux-jeton de Vallée faisant face au bon sens de Larquay.
Cette fois-ci, Topaze version 1951 sera un succès critique et commercial, et malgré que le tournage entièrement en studio se fait parfois ressentir, ainsi que la quasi-absence de mouvements de caméra, j'ai pris beaucoup de plaisir sur ce monument de subversion.